SENGHOR, CÉSAIRE, DAMAS
Chantés par Bernard ASCAL
1CD-DC / POÈTES & CHANSONS
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Les titres :
1 Femme noire (Léopold Sédar Senghor)
2 Au bout de ma luinette (Léopold Sédar Senghor)
3 Assassinats (Léopold Sédar Senghor)
4 Ma sœur, ces mains de nuit (Léopold Sédar Senghor)
5 Dialy (Aimé Césaire)
6 Je t'ai filé une chanson douce (Léopold Sédar Senghor)
7 Prière au masque (Léopold Sédar Senghor)
8 Limbé (Léon Gontran Damas)
9 Références (Aimé Césaire)
10 Pareille à ma légende (Léon Gontran Damas)
11 Ndéssé ou blues (Léopold Sédar Senghor)
12 Rappel (Léon Gontran Damas)
13 Caomp1840 (Léopold Sédar Senghor)
14 Blanc à remplir sur ma carte de voyageur (Aimé Césaire)
15 Trêve (Léon Gontran Damas)
16 Ma t^te sur le sable de ton sein (Léopold Sédar Senghor)
17 Paroles d'îles (Aimé Césaire)
18 Chant de printemps (Léopold Sédar Senghor)
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Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique) et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France (Martinique), est un écrivain et homme politique français, à la fois poète, dramaturge, essayiste et biographe.
Fondateur et représentant majeur du mouvement littéraire de la négritude — avec Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas — anticolonialiste résolu, il mène en parallèle une carrière politique en tant que député de la Martinique et maire de Fort-de-France durant cinquante-six années consécutives, de 1945 à 2001.
Aimé David Césaire est né le 26 juin 1913 dans l'Habitation Eyma. Il faisait partie d'une famille de sept enfants. Son père, Fernand Césaire, était administrateur, gérant d'une habitation à Basse-Pointe, puis après concours nommé au bureau des impôts comme contrôleur des contributions, et sa mère, Éléonore Hermine, était couturière3. Son grand-père paternel, Fernand Césaire, après des études à l'école normale supérieure de Saint-Cloud, fut professeur de lettres au lycée de Saint-Pierre et le premier instituteur noir en et sa grand-mère, mamie Nini du Lorrain contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire, aptitudes qu'elle enseigna très tôt à ses petits-enfants.
De 1919 à 1924, Aimé Césaire fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, commune dont son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor-Schœlcher à Fort-de-France. En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier pour entrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Ousmane Socé Diop à la Sorbonne puis Léopold Sédar Senghor dans les couloirs du lycée Louis-le-Grand, avec qui il noue une amitié qui durera pendant plusieurs années.
À Paris, il côtoie d'autres étudiants noirs d'horizons différents et fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal. Il découvre ainsi le mouvement de la Renaissance de Harlem et fait la connaissance de Claude McKay. Le jeune Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.
En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants caribéoguyanais et africains (parmi lesquels le Guyanais Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.
En 1935, il adhère aux Jeunesses communistes.
Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la « négritude » est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».
En 1937, il épouse Suzanne Roussi, avec qui il partage intérêts intellectuels et passion pour le surréalisme7. Également prolifique8, bien que méconnue, elle agira aussi comme collaboratrice précieuse à la diffusion de l'œuvre de Césaire.
En 1935, il est reçu au concours d'entrée de l'École normale supérieure.
Pour les vacances d'été, n'ayant pas les moyens de rentrer en Martinique ni de famille en France, son ami Petar Guberina l'invite chez lui en Croatie, en Dalmatie précisément, où il reconnaîtra, dans le nom de l'île de Martiniska sa Martinique natale. Ce choc produit en lui, confiera-t-il, est à l'origine de ce long poème en prose qui deviendra le Cahier d'un retour au pays natal9 publié en 1939.
« En 1934, avec plusieurs étudiants antillais, guyanais et africains, Aimé Césaire créé le journal « L'Étudiant noir » ». Le concept de « négritude » lui vient deux ans plus tard
En 1936, son camarade et ami Léopold Sédar-Senghor lui remet la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Leo Frobenius.
Pour sa dernière année à l'ENS (1938-1939), il prépare un mémoire de fin d'étude sur la poésie africaine-américaine : Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des États-Unis.
Dans sa thèse de doctorat sur les sources de l'histoire littéraire antillo-guyanaise dans laquelle il dresse un inventaire des archives concernant Aimé Césaire, Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine produit la preuve d’un premier « retour au pays natal », en 1936, afin, semble-t-il, de « voir des parents malades ». Il s’agit d’une lettre autographe en date du 21 octobre 1936 dans laquelle Aimé Césaire fait état d’un « passage de retour par anticipation » obtenu en 1931, « en tant que boursier de la Colonie et fils de fonctionnaire » et dont il demande la conversion en un « passage aller par le Paquebot “Cuba” qui quitte Fort-de-France le 7 novembre » Cette preuve archivistique amène à relativiser les déclarations de Aimé Césaire qui s’apparentent à un discours a posteriori, élaboré par la critique césairienne de concert avec l’auteur.
Ses études terminées, il rentre en Martinique en 1939 pour enseigner, avec son épouse Suzanne Roussi, au lycée Schœlcher comme professeur de lettres, particulièrement des élèves de première AA' et B1 précise Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine. Ce sera le moment du « retour au pays natal » dira-t-il à René Depestre en janvier 1968 au lendemain du congrès culturel de la Havane en entérinant la dimension autobiographique mise en avant par sa critique : « Je l’ai eu au moment même, dit-il. Je l’ai écrit au moment où je venais de terminer mes études et que je retournais à la Martinique. C’était les premiers contacts que je reprenais avec mon pays après dix ans d’absence, et j’étais vraiment envahi par un flot d’impressions et d’images et, en même temps, j’étais très angoissé par les perspectives martiniquaises ». En effet, il avait envoyé à la revue Volontés une première version du Cahier d'un retour au pays natal publiée à l'été 1939.
La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'une île en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant, avant tout, les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l'époque vont jusqu'à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.
C'est en réaction à cette situation que le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. Afin de permettre « à la Martinique de se recentrer » (en italiques dans l'original), et « d’entraîner les martiniquais à la réflexion » sur leur environnement proche, Césaire propose à Henri Stehlé, botaniste et Directeur du Jardin d'Essais de Tivoli, de rédiger deux articles concernant la flore martiniquaise, et les histoires et légendes se rattachant aux appellations populaires des plantes (Tropiques N° 2 de 1941 et N° 10 de 1944).
Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.
Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d'un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943, il rédige la préface de l'édition bilingue du Cahier d'un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (no 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.
Professeur de lettres diplômé de l'ENS et doué de qualités oratoires déjà manifestement reconnues, il est sollicité : le 29 février 1940, il participe à une conférence organisée par Paulette Nardal et le Club féminin au profit des « œuvres de guerre ». L’année suivante, on demande sa participation au jury d’un « concours des paroles du Maréchal ». Il s’agit bien sûr du maréchal Philippe Pétain et Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine exprime, naturellement, sa circonspection — compte tenu de ses prises de position contre le gouvernement de Vichy au point d'affronter la censure avec son épouse Suzanne Roussi —, et émet des réserves sur son éventuelle participation. L’organe de presse d’obédience catholique La Paix indique, sans en donner le détail, qu’il faisait bel et bien parti du jury.
Dans une lettre autobiographique du 12 août 1943, il demande « réparation de l'injustice qui a été commise à [s]on égard » par le gouvernement de Vichy : il réclame son « reclassement » en s’appuyant sur un décret faisant valoir que les années de stage, celles qu’il aura effectuées de juillet 1939 à mai 1943, « comptent pour avancement ». Cette lettre, commente Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine avec une certaine retenue, « témoigne de la rigueur administrative du régime de l’Amiral Robert » en Martinique19.
Le 16 mai 1944, accompagné de son épouse Suzanne Roussi, il s'envole pour Haïti où il est convié au congrès de philosophie de Haïti. Sa présence tient à sa « réputation » déjà acquise auprès des milieux intellectuels haïtiens comme le souligne Henri Seyrig, membre de la délégation de la France Libre aux États-Unis dans sa lettre du 15 décembre 1943 au gouverneur Georges Louis Ponton. Dans une perspective d'assimilation schoelcheriste et pour ainsi opposer un contre-exemple à l'eugénisme nazi, Henri Seyrig développait un racialisme évolutif, progressiste en insistant sur les fruits de la « présence française » aux Antilles : « Il me paraît très important que, dans cette réunion où des savants de pays différents vont être mis en contact avec le monde noir, la France montre par un exemple décisif ce que notre culture est parvenue à produire dans cette race. » Le 5 mars 1944, Milon de Peillon, délégué du Comité français de libération nationale (CFLN) à Haïti, renchérit en faisant valoir la dimension exemplaire de la participation du professeur de philosophie Aimé Césaire à ce congrès : « Le détachement temporaire de ma résidence de l’homme qui passe pour être le plus éminent produit de notre culture parmi nos concitoyens de race noire peut avoir de profitables conséquences pour le développement de notre influence en Haïti où elle est battue en brèche par une propagande adverse, habile et tenace. » Aux yeux de l’administration française, le déplacement d'Aimé Césaire et de son épouse Suzanne Roussi s'apparente à une ambassade dans le but de susciter des sentiments francophiles dans le cœur des élites haïtiennes.
En 1945, Aimé Césaire, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu'il conservera sans interruption jusqu'en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d'une Martinique exsangue après des années de blocus et l'effondrement de l'industrie sucrière, est d'obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946. Il s'agit là d'une revendication qui remonte aux dernières années du xixe siècle et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d'Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique proches de l'indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l'emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s'y attache. C'est, selon Césaire, par mesure d'assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision.
Il adhère au PCF en décembre 1945 pour « travailler à la construction d'un système fondé sur le droit à la dignité de tous les hommes sans distinction d'origine, de religion et de couleur » comme il l'explique dans la brochure Pourquoi je suis communiste6. En 1947, Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la « négritude ».
Les positions anticolonialistes de Césaire s'accentuent avec le retour des guerres dans les colonies. En mai 1945, des dizaines de milliers d'Algériens sont tués dans les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. En novembre 1946, la ville de Haiphong