BRAHMS / SYMPHONIE N°4

BRAHMS / SYMPHONIE N°4

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1 CD / BRAHMS / SYMPHONIE N°4 - DANSES HONGROISES / WIHLEM FURTWÄNGLER

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Johannes BRAHMS

 

SYMPHONIIE N°4 en mi mineur op.98

 

1 Allegro non troppo                                   12’35’’

2 Andante moderato                                   12’12’’

3 Allegro giocoso                                       6’28’’

4 Allegro energico e passionato                  9’48’’

 

Berliner Philharmoniker

Direction Wilhelm FURTWÄNGLER

 

LES DANSES HONGROISES

 

5 Danse hongroise N°1 sol mineur Allegro molto           3’06’’

6 Danse hongroise N°3 fa majeur Allegretto                  2’31’’   

7 Danse hongroise N°10 fa majeur Presto                     1’48’’

 

Wiener Philharmoniker

Direction Wilhelm FURTWÄNGLER

SYMPHONIE N°4

La symphonie no 4 en mi mineurop. 98, la dernière, a été composée par Johannes Brahms en 1884-1885 à Mürzzuschlag dans les Alpes, soit à peine un an après sa troisième symphonie.

Contrairement aux deux précédentes qui avaient été créées à Vienne, la symphonie a été créée le 25 octobre 1885 à Meiningen par la Meininger Hofkapelle sous la direction du compositeur, et ce fut un succès. Brahms et Hans von Bülow, chef de l'orchestre de Meiningen, se relaient ensuite pour diriger l'orchestre lors d'une tournée en Allemagne et aux Pays-Bas. Avant la création publique, la symphonie avait été dévoilée lors d'un concert privé dans une version pour deux pianos, jouée par Brahms et Ignaz Brüll. La première viennoise eut lieu le 17 janvier 1886. L'accueil fut mitigé, l'œuvre étant à caractère encore plus classique que ses symphonies précédentes. Elle a été également donnée lors du dernier concert auquel assista le musicien moins d'un mois avant sa mort, en 1897. Pour beaucoup de musicologues actuels, elle est la plus parfaite des quatre symphonies de Brahms.

Cette symphonie représente un retour aux formes classiques, bien que Brahms ait été lui-même sujet à de nombreuses préoccupations quant à la réception de ses symphonies, genre dominé par la figure de Ludwig van Beethoven. Il était tenté à la fois de proposer un langage nouveau, mais ne pouvait tout à fait se passer d'un certain classicisme. Avec la Quatrième Symphonie, Brahms est semble-t-il arrivé à une synthèse heureuse : la profusion des rythmes et l'orchestration innovante et, chose rare, l'utilisation des cors naturels (Brahms en avait joué comme son père et a écrit des parties de cors de rechange dans ses quatre symphonies). Ainsi, Brahms fait figure d'un Janus tourné simultanément vers le passé et l'avenir.

Analyse

Le premier mouvement est une forme sonate (exposition-développement-réexposition-conclusion) avec quatre éléments distincts, dont deux traités en priorité : le premier élément (ou thème principal) est une succession de tierces descendantes, le deuxième élément (mélodique) est énoncé aux violoncelles et au cors, le troisième qui s'apparente au deuxième thème au bois. Le quatrième élément rythmique, sur le ton de la dominante (ici si majeur) est énoncé aussi aux vents. Semblable au tout premier thème de la symphonie, il est basé justement sur les tierces du début, montantes ou descendantes.

Le deuxième mouvement repose sur deux éléments principaux : le thème principal, joué aux cors et basé sur le mode de mi (mode phrygien), et le second thème énoncé aux violoncelles. Un troisième élément de transition basé sur des triolets de doubles croches est cité de temps à autre. À noter que le thème principal est cité une première fois sans harmonisation (partant de la note mi), mais n'apparaîtra harmonisé (toujours sur la même note de départ) qu'à la fin.

Le troisième mouvement est une extraordinaire démonstration de contrepoint et de traitement thématique : un seul thème domine, construit comme un renversable, c'est-à-dire un thème et une basse énoncés simultanément et pouvant être échangés ; on peut ainsi considérer ce morceau comme un mouvement perpétuel. C'est aussi le dernier mouvement écrit, et donc pensé par rapport à la tonalité de la symphonie dans son ensemble.

Le quatrième mouvement représente l'ultime sommet, une immense passacaille vraisemblablement inspirée de la chaconne finale de la cantate Nach dir, Herr, verlanget mich de Johann Sebastian Bach. Dans les deux cas, l'élément principal est une figure de basse. Bien que la forme passacaille limite les possibilités modulantes, Brahms réussit à intégrer la forme sonate en exploitant dans ce sens des éléments rencontrés au fil du mouvement : on peut considérer la partie centrale (contenant un célèbre solo de flûte) comme un développement. Une coda, Più allegro, conclut la symphonie de manière véhémente.

 

LES DANSES HONGROISES

 

Les Danses hongroises de Johannes Brahms (1833-1897) sont une série de 21 compositions et arrangements de danse hongroise pour piano à quatre mains, composées entre 1867 et 1880, inspirées pour la plupart d'airs populaires de danse hongroise-traditionnelle-folklorique-tzigane-slaves.

Elles sont réorchestrées par la suite pour orchestre symphonique, dont les 1re, 3e, 10e par Brahms, avec pour plus célèbre d'entre elles la Danse hongroise nº 5, dont le thème principal est pourtant du hongrois Béla Kéler , et l'orchestration du compositeur allemand Albert Parlow .

L'intérêt du musicien pour la musique tzigane fut très précoce : dès l'âge de dix-neuf ans, il accompagna le violoniste hongrois Ede Reményi à travers l'Allemagne , qui l'initia à la musique de son pays et lui présenta Joseph Joachim. Celui-ci devint par la suite son ami.

Cette expérience d'accompagnement d'Ede Reményi lui inspire avec le temps sa série de compositions et d'arrangements de 21 Danses hongroises pour piano à quatre mains, inspirées pour la plupart d'airs populaires folkloriques de danses verbunkos et csárdás hongroises, arrangées avec des airs de musique tzigane (très en vogue à l'époque) caractérisées entre autres par de brusques changements de temps lents et rapides typiques du folklore musical hongrois.

Au nombre de vingt-et-une, les danses hongroises furent composées sur plusieurs années : les six premières furent proposées dès 1867 à un éditeur, qui les refusa. Les dix premières parurent en 1869 dans leur version pour piano à quatre mains. Les dernières ont été éditées en 1880.

Elles ne comportent pas de numéro d'opus, le compositeur ne les considérant pas comme des œuvres originales, mais de simples adaptations d'œuvres de musique traditionnelle. Il semble cependant que les thèmes des onzième, quatorzième et seizième soient totalement originaux.

Il en existe de nombreuses transcriptions. Seules la première, la troisième et la dixième furent orchestrées par Johannes Brahms lui-même en 1873. Le compositeur allemand Albert Parlow (de) orchestra les cinquième, onzième, douzième, treizième, quatorzième, quinzième et seizième. Le compositeur tchèque Antonín Dvořák fit les orchestrations des cinq dernières. Les autres furent orchestrées par le chef d'orchestre suédois Johan Andreas Hallén (deuxième), le compositeur russe Paul Juon (quatrième), Martin Schmeling (cinquième, sixième et septième) et Hans Gál (huitième et neuvième). Brahms fit un arrangement des dix premières pour piano seul. Son ami le violoniste Joseph Joachim en fit également une version pour violon et piano.

Wikipedia




Johannes Brahms, né le 7 mai 1833 à Hambourg et mort le 3 avril 1897 à Vienne, est un compositeurpianiste et chef d'orchestre allemand. Johannes Brahms est l'un des plus importants musiciens de la période romantique. Certains le considèrent comme le « successeur » de Beethoven dont Hans Guido von Bülow qui décrit sa première symphonie comme étant « la Dixième symphonie de Beethoven ».

Johannes Brahms est le descendant d’une famille très ramifiée en Basse-Saxe, dans le Nord de l’Allemagne. Son père, Johann Jakob Brahms, est artisan de profession et utilise la musique comme gagne-pain. Il joue du cor d'harmonie et plus tard, de la contrebasse. Il se produit dans des petits ensembles à Hambourg. La naissance de Johannes aurait notamment retardé une représentation de l'orchestre du théâtre de Hambourg, Johann Jakob ayant assisté à l'événement tout en ayant conservé la clef de l'armoire aux partitions dont il était dépositaire, empêchant ainsi celui-ci de jouer. Il donne ses premières leçons de musique à Johannes, qui déjà tout jeune, est attiré par tous les instruments de musique. La mère de Johannes Brahms, Johanna Henrika Christiana Nissen, était issue d'une famille pauvre et de vingt ans plus âgée que son mari.

Brahms suit ses premiers cours de piano dès l’âge de sept ans avec Otto Cossel, jusqu’à ses dix ans. Ce dernier le présente à son ancien professeur, Eduard Marxsen qui le forme de 1843 à 1853, avec l’ambition d’en faire un virtuose du piano, lui enseignant aussi l’harmonie et la compositionB 1. Il sera marqué à jamais par l’art de Jean-Sébastien Bach, de Wolfgang Amadeus Mozart et de Ludwig van Beethoven. Ses talents de pianiste lui permettent d’honorer, dès l’âge de treize ans, des engagements dans les tavernes de Hambourg. Ses dons pour la composition sont visibles dès ses jeunes années : ses pièces pour piano Fantaisie sur une valse populaire qu’il a composées en 1849 illustrent cette virtuosité. Plus tard, Brahms confie :

« Je composais continuellement. Je composais quand j’étais tranquille, chez moi, de bonne heure le matin. Le jour, j’arrangeais des marches pour des musiques de cuivres. Le soir, je jouais du piano dans les cabarets. »

En 1847, épuisé par ce travail constant pour lui et pour les autres, il est envoyé à la campagne pour s’y reposer. C’est là qu’il découvre la littérature. Toujours prêt à dépenser un sou chez le brocanteur pour acheter un livre : SophocleDanteCicéronLe TasseAlexander PopeJean PaulKlopstockLessingGoetheFriedrich von SchillerEichendorffAdelbert von Chamisso… et également l’histoire de la belle Maguelone et du chevalier Pierre, que plus tard il mettra en musique.

Le 21 septembre 1848, il donne son premier concert, qui inclut une fugue de Bach. Un deuxième concert suit le 14 avril 1849 : Brahms y joue la sonate opus 53 de Beethoven et des variations de sa composition. La critique commence à le remarquer en lui reconnaissant un talent peu ordinaire.

Brahms a développé un art qui lui est propre : il a publié ses premières œuvres en utilisant souvent un pseudonyme (G. W. Marcks, Karl Würth) et en donnant un nombre plus élevé à ses numéros d’opus. Au début, il compose exclusivement des œuvres pour piano — il connaissait alors moins les possibilités et les limites de l’orchestre – et plus tard, il demandera de l’aide à des amis plus expérimentés pour composer ses premières œuvres pour orchestre. Il fait la connaissance de la pianiste Louise Japha, une élève de Robert Schumann.

En 1853, Brahms a vingt ans ; il rencontre le violoniste hongrois Eduard Reményi, à qui il doit son premier contact avec la musique tzigane. Avec lui, il effectue une tournée en Allemagne du Nord, ce qui lui permet de faire la connaissance, à Hanovre, du violoniste Joseph JoachimA 1, âgé de vingt-deux ans, qui a déjà conquis le public berlinois avec le concerto de Beethoven. Ce dernier fait la remarque suivante sur Brahms:

« Son jeu est plein de feu, d'une énergie fatale, et d'une précision rythmique qui révèlent l'artiste. Ses compositions contiennent plus de choses intéressantes que je n'en ai jamais rencontrées dans les œuvres d'un jeune homme de son âge »

Joachim conseille à Brahms de s’adresser à Franz Liszt qui, à cette époque, est chef d’orchestre à la cour de Weimar. La légende voudrait que Brahms se soit endormi pendant que Liszt exécutait sa célèbre Sonate en si mineur. Cette anecdote est plaisante, mais émane de sources peu sûres. Elle fut consignée, trente-cinq à quarante ans plus tard, par le virtuose américain William Mason (dont l’exactitude des propos n’a jamais été la plus grande vertu). Le biographe officiel de Brahms, Max Kalbeck, tout comme son homologue français Romain Goldron réfutent cette version des faits, ainsi que la supposée brouille entre Liszt et Brahms. Ce dernier confiera même, au poète Klaus Groth, à propos de son aîné : « Nous sommes quelques-uns à savoir jouer du piano, mais nous ne possédons que quelques doigts de ses deux mains ! »

Liszt promet à Brahms de le mentionner dans une lettre à l’éditeur Breitkopf & Härtel. Cependant, le jeune compositeur ne se trouve que peu d’affinités avec les théories musicales progressistes de Liszt. Il prend congé de ce dernier. Il écrit alors une lettre à Joseph Joachim, datée du 29 juin 1853, dans laquelle il lui demande de le rejoindre à Göttingen. Là-bas, le violoniste l’introduira dans son cercle d’artistes et de musiciens. Cette période heureuse et insouciante, pleine de rencontres, inspirera à Brahms son Ouverture pour une fête académique. Joachim et Liszt persuaderont Brahms de rendre visite à Robert Schumann qui est directeur de musique à Düsseldorf.

Nouveaux chemins[modifier | modifier le code]

Nouveaux chemins (Neue Bahnen) – sous ce titreB 3 est paru le 25 octobre 1853 dans le journal Nouvelle Gazette musicale (Neue Zeitschrift für Musik) fondé par Robert Schumann et distribué à Leipzig, le premier article sur Johannes Brahms. Schumann écrit :

« Il est venu cet élu, au berceau duquel les grâces et les héros semblent avoir veillé. Son nom est Johannes Brahms, il vient de Hambourg… Dès qu’il s’assoit au piano, il nous entraîne en de merveilleuses régions, nous faisant pénétrer avec lui dans le monde de l’Idéal. Son jeu, empreint de génie changeait le piano en un orchestre de voix douloureuses et triomphantes. C’étaient des sonates où perçait la symphonie, des lieder dont la poésie se révélait, des pièces pour piano, unissant un caractère démoniaque à la forme la plus séduisante, puis des sonates pour piano et violon, des quatuors pour instruments à cordes et chacune de ces créations, si différente l’une de l’autre qu’elles paraissaient s’échapper d’autant de sources différentes… Quand il inclinera sa baguette magique vers de grandes œuvres, quand l’orchestre et les chœurs lui prêteront leurs puissantes voix, plus d’un secret du monde de l’Idéal nous sera révélé… »

Schumann demande à l’éditeur Breitkopf & Härtel de publier quelques œuvres de Brahms. Son engagement personnel pour Brahms a permis de le rendre très rapidement célèbre en Allemagne. L’article, au retentissement important, sera un lourd fardeau pour ce jeune homme de vingt ans. Beaucoup de mélomanes veulent l’entendre, voir ses notes, ou en savoir plus sur son talent. Cet empressement effraie Brahms : dans une lettre à Schumann, il exprime son appréhension de ne pas pouvoir répondre à toutes les attentes du public. Après une autocritique trop sévère, il brûle même quelques-unes de ses œuvres.

À Düsseldorf, Brahms fait la connaissance de Robert Schumann et de son épouse Clara. Mère de six enfants, elle est de quatorze ans plus âgée que Brahms qui a déjà acquis une réputation européenne, et elle le fascine. À la suite de l’aide apportée par Robert Schumann à la publication de ses œuvres pour piano, Brahms écrit à son mentor : « Puis-je mettre le nom de votre épouse au début de ma deuxième œuvre? »

Après l’internement de Robert Schumann dans un hôpital psychiatrique à Endenich, près de Bonn, les liens de Clara Schumann et de Brahms s’intensifient. Ils vivent dans la même maison à Düsseldorf. Les échanges d’idées avec Clara et Robert Schumann transparaissent dans ses variations pour piano, op. 9 sur un thème de Robert Schumann, qui a pu les écouter à Endenich et les a trouvées magnifiques. Dans les mesures 30–32 de la dixième variation, apparaît dans la voix du milieu, un thème de Clara, que Robert Schumann avait également repris dans son op. 5. Entre 1854 et 1858, Clara Schumann et Brahms échangent de nombreuses lettres, témoignages qu’ils se sont ensuite accordés à détruire presque entièrement. Il nous reste encore aujourd’hui quelques lettres de Brahms ; elles reflètent l’image d’une passion grandissante. Au début, il lui écrit « vous » (« Sie »), « chère madame » (« Verehrte Frau »), puis « très chère amie » (« Teuerste Freundin »), et finalement « mon amie bien-aimée » (« Innigst geliebte Freundin »), et à la fin « Ma bien-aimée Madame Clara » (« Geliebte Frau Clara »). Dans une lettre du 25 novembre 1854, il écrit soudainement :

« Très chère amie, comme le « tu » intime me regarde tendrement ! Mille mercis pour cette lettre, je ne peux pas m’arrêter de la regarder et de la relire, comme si je la lisais pour la première fois ; rarement les mots ne m’ont autant manqué que lorsque j’ai lu votre dernière lettre. »

Lui, le plus jeune qui n’avait pas osé suggérer le tutoiement, y est à présent confronté. Il s’habituera progressivement à cette intimité. Dans une lettre du 31 mai 1856, il écrit très clairement :

« Ma bien-aimée Clara, je voudrais, je pourrais t’écrire tendrement combien je t’aime et combien je te souhaite de bonheur et de bonnes choses. Je t’adore tellement, que je ne peux pas l’exprimer. Je voudrais t’appeler par des « chérie » et d’autres termes affectueux sans en être rassasié, pour te courtiser. (…) Tes lettres sont pour moi comme des baisers. »

Cette lettre sera la dernière avant l’évènement prévisible et pourtant soudain qui bouleversera la nature même de leur liaison : le décès de Robert Schumann le 29 juillet 1856. En octobre de la même année, Brahms qui nourrit encore l’espoir de pouvoir consoler « sa » Clara pendant cette période de deuil, devra pourtant se résigner. Elle s’éloigne peu à peu de lui. Les lettres échangées perdent de leur passion. Le 17 octobre 1857, Brahms finira par résumer ainsi dans une de ses missives :

« Les passions n’appartiennent pas aux hommes comme des choses naturelles. Elles sont toujours des exceptions ou des exagérations. Celui chez qui elles dépassent les bornes doit se considérer comme malade et songer à un remède pour sa vie et sa santé. (…) Les passions doivent vite s’estomper, ou alors, il faut les chasser. »

Par la suite, Brahms restera en liaison avec Clara toute sa vie durant. Il lui écrit ainsi en 1896, peu avant sa mort :

« Si vous croyez devoir attendre le pire, accordez-moi quelques mots, avec lesquels je peux venir voir s’ouvrir encore les beaux yeux, avec lesquels beaucoup se refermera pour moi. »

Pendant toute la période de la maladie de Schumann, Brahms réside à Düsseldorf. Il étudie beaucoup, imposant un programme strict à Joachim et à lui-même. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il étudie le contrepoint. Il se procure des œuvres de Jean-Sébastien Bach, comme l’Art de la Fugue, des volumes d’œuvres de Roland de Lassus et de Palestrina et se met à composer pour quatre et six voix. Il est un des rares musiciens de son époque à attacher cette importance à cet art ancien au style sévère

En 1857, Brahms commence la composition du Requiem allemand.La même année, Brahms occupe les fonctions de professeur de musique à la cour du Prince Léopold III de Lippe. Dans le même temps, il occupe le poste de directeur de la Société de Chant à Detmold. Il y reste pendant deux ans, composant deux sérénades pour orchestre ainsi que son premier concerto pour piano opus 15 en ré mineur, pour lequel Joseph Joachim lui donne des conseils d’orchestration. Il est souvent interprété comme le reflet de sa passion vaine pour Clara Schumann ; leur histoire venant tout juste de se terminer. Il sera joué pour la première fois, le 22 janvier 1859 à Hanovre puis, le 27 du même mois, à Leipzig, sans toutefois récolter le succès espéré. Brahms qui ne cache pas sa déception, entreprend de composer une seconde œuvre qui sonnerait tout à fait différemment, ce qu’il fera vingt-deux ans plus tard, en composant son deuxième concerto pour piano op. 83 en si bémol majeur.

Pendant son séjour à Detmold, il compose également des sérénades pour orchestre, des lieder, dont Unter Blüten des Mai’s spielt’ich mit ihrer Hand. Ce lied évoque une autre rencontre, celle d’Agathe von Siebold. Un été, il s’adonnera à sa nouvelle passion avec tant de fougue que Clara Schumann sera vexée qu’il ait rencontré une autre femme aussi vite. Son deuxième sextuor à cordes opus 36 fait, dans la première phrase, allusion à Agathe von Siebold : il contient en effet la suite de notes : la-sol-la-si-mi (en allemand : A-G-A-H-E). Peu après leurs fiançailles, Brahms change d’avis : il se sent incapable d’avoir une liaison. Il n’en aura jamais plus et restera toute sa vie célibataire.

En mai 1859, il revient dans sa ville natale de Hambourg, trouvant qu’il ne disposait pas d'assez de temps pour la composition. Il y commence la composition des Magelonen-Gesänge, mais ne les acheva qu’en 1869. Il compose de la musique de chambre et de nombreuses variations pour piano : sur un thème original, sur un thème hongrois, sur un thème de Haendel, sur un thème de Schumann (à quatre mains).

En 1860, Brahms fait alors une rencontre déterminante en la personne de l’éditeur Fritz Simrock. Ce dernier, en éditant ses œuvres, a été un acteur déterminant dans la diffusion de l’œuvre de Brahms auprès du public, car il n’était pas toujours facile pour Brahms dans les années 1860, de publier ses propres compositions. L’éditeur demeure prudent : le premier Concerto pour piano n’a aucun succès ; de plus, les pièces de Brahms sont réputées difficiles à jouer. Le perfectionnisme de Brahms est un autre obstacle : souvent, il fait patienter son éditeur avant l’envoi de ses manuscrits, car il lui semble qu’il peut encore apporter une amélioration à l’œuvre.

Brahms quitte Hambourg, s’étant disputé avec son mécène et ami Theodor Avé-Lallemant, qui ne lui a pas accordé, au cours de l’année 1862-1863, le poste de directeur du Philharmonischen Konzerte qu’il convoitait, lui offrant simplement le poste de chef de chœur de l’académie de chant. Bien que Brahms n’ait jamais présenté officiellement sa candidature au poste, il restera profondément blessé que le chanteur Julius Stockhausen lui soit préféré. Ceci détériorera les relations amicales entre Brahms et Avé-Lallemant et précipitera son départ pour Vienne.

À Vienne[modifier | modifier le code]

En 1862, il s'installe définitivement à Vienne. Brahms confie s’y sentir rapidement chez lui. Il se produit dans des programmes virtuoses : Bach, Beethoven, Schumann et joue aussi son Quatuor en sol mineur opus 25 avec le violoniste Josef Hellmesberger lors d’une soirée privée, qui dira ensuite de lui qu’il est le successeur de Beethoven (Das ist der Erbe Beethovens). Brahms n’affectionne que très peu cet encombrant compliment et craint d’être considéré comme l’égal de Beethoven.

Il rencontre Karl Goldmark tandis que sa renommée ne cesse de croître. En 1863, Brahms accepte de devenir le chef de chœur de la Singakademie (Académie de chant) de Vienne. Il marque tout de suite de son empreinte la vénérable structure, faisant jouer des maîtres anciens : Bach, Heinrich Isaac, Gabrieli, Schütz, ou modernes : l’Opferlied de Beethoven et le Requiem pour Mignon de Schumann. Mais, dès juillet 1864, il démissionne de son poste craignant que la lourdeur des charges administratives ne lui vole un temps précieux qu’il réserve à la composition et aux voyages.

Parmi les œuvres qu’il a publiées par la suite, on trouve notamment le Requiem allemand (Ein deutsches Requiem) et les Danses hongroises. Le Requiem, qui ne suit pas les textes traditionnels en latin mais contient des extraits de la Bible en langue allemande, a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme lors de sa première représentation (sans le cinquième mouvement) en la cathédrale de Brême le 10 avril 1868. Il l’a composé à la suite du décès de sa mère. En revanche, la publication des Danses hongroises, pour lesquelles Brahms s’est inspiré d’airs tsiganes très connus, a presque causé un scandale. En effet, Brahms ayant touché avec celles-ci un public beaucoup plus large qu’avec ses précédentes œuvres, d’autres musiciens, dont son vieil ami Reményi, ont tenté de se faire passer pour les auteurs de ces danses.À cette époque, Brahms est un pianiste couronné de succès et gagne bien sa vie. Toutefois, il prend la direction de la Société des Amis des Arts de Vienne (Wiener Singvereins) de 1872 à 1875. Avec les compositions qu’il a déjà publiées, Brahms et son éditeur Simrock gagnent tellement d’argent que ce dernier le suppliera de publier de nouvelles œuvres.

Brahms écrit ses quatresymphonies en l’espace de neuf ans, ce qui est un temps record (bien que, paradoxalement, la composition de sa première symphonie l'ait occupé pendant plus de vingt ans). En comparaison, vingt-deux années séparent ses deux concertos pour piano, et les symphonies ne sont pas les seules œuvres qu’il ait composées pendant cette période ; en effet, il a également écrit le concerto pour violon, le second concerto pour piano, deux ouvertures et autres musiques de chambre, et enfin deux ans après la création de la quatrième et dernière symphonie, il a créé le double concerto. Finalement cette décennie constitue la période la plus prolifique de Brahms.Sa première Symphonie en do mineur op. 68 fut jouée la première fois le 4 novembre 1876 à Karlsruhe, et la deuxième Symphonie en ré majeur op 73, le 30 décembre 1877 à Vienne.

Brahms reçoit le titre de docteur « honoris causa » de l’université de Cambridge en 1877 et celui de l'université de Breslau en 1881. En 1880, il travaille à deux ouvertures op. 80 et op. 81, desquelles il dira : « L’une pleure, l’autre rit ».

En 1883, lors d’un séjour d’été à Wiesbaden, il termine sa troisième symphonie en fa majeur op. 90 qui sera créée à Vienne elle aussi. Lors d’un autre séjour à Mürzzuschlag en Styrie, il commence dès l’été 1884 à travailler sur sa quatrième symphonie en mi mineur, qui sera jouée la première fois à Meiningen le 25 octobre 1885. Cette œuvre présente la particularité de s'achever par un quatrième mouvement qui est construit sous la forme ancienne de la passacaille dans laquelle Brahms développe trente variations sur un motif de basse emprunté à la chaconne (Meine Tage in den Leiden) de la cantate BWV 150 de Jean-Sebastien Bach (Nach dir, Herr, verlanget mich).

Par la suite, Brahms a essentiellement composé de la musique de chambre (sonates pour violon et violoncelle). En 1886, il devient président d’honneur de l’association des musiciens de Vienne. Pendant les vingt dernières années de sa vie, Brahms, qui est devenu une personnalité influente de la scène musicale internationale, est admiré et vénéré en tant que pianiste, chef d’orchestre et compositeur. Il a reçu de nombreuses distinctions et propositions pour devenir membre d’honneur. Il les commentera en ces mots : « Je préfère penser à une belle mélodie que recevoir l’ordre de Léopold ».En 1889, il devient citoyen d’honneur de la ville de Hambourg.

Brahms meurt à Vienne le 3 avril 1897, à près de soixante-quatre ans, d’un cancer du foie selon quelques biographies, mais il s’agirait en réalité d’un cancer du pancréas. Il est inhumé au Cimetière central de Vienne, tout comme Beethoven et Schubert

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