MOZART / LES NOCES DE FIGARO

MOZART / LES NOCES DE FIGARO

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2CD / MOZART / LES NOCES DE FIGARO - OPÉRA / ELISABETH SCHWARZKOPF - HERBERT VON KARAJAN / EPM CLASSIQUE

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LES NOCES DE FIGARO

Le nozze di Figaro

 

Opéra en quatre actes

Musique de Wolfgang Amadeus Mozart

Livret de Lorenzo da Ponte

 

 

Figaro                                       Erich Kunz                         (baryton)

Susanna                                   Irmgard Seefried                (soprano)

Comte d’Almaviva                    George London                  (baryton-basse)

Comtesse d’Almaviva               Elisabeth Schwarzkopf       (soprano)

Cherubino                                 Sena Jurinac                      (soprano)

Bartolo                                      Marjan Rus

Marcellina                                 Elisabeth Höngen

Don Basilio & Don Curzio         Erich Majkut

Barbarina                                  Rosl Schwaiger

Antonio                                      Wilhem Felden

Deux jeunes filles                      Anny Felbermayer & Hilde Czeska

 

Chœurs du Wiener Staatsoper

Wienner Philarmonic Orchestra

Direction Herbert Von Karajan

LES NOCES DE FIGARO


Synopsis

 
La Rosine du Barbier de Séville est devenue maintenant la comtesse Almaviva ; son mari, toutefois, est loin d'être un modèle de vertu. Il poursuit entre autres de ses assiduités la camériste de sa femme, Suzanne (Susanna), qui doit épouser Figaro entré au service du comte, et la fille de son jardinier, Barberine (Barbarina). Il est toutefois concurrencé par le page Chérubin (Cherubino), qui est amoureux de toutes les femmes et en particulier de la comtesse sa marraine. De son côté, la vieille Marceline (Marcellina), aidée du docteur Bartholo (Bartolo) et du maître de musique Basile (Basilio), veut empêcher les noces de Suzanne et Figaro, car ce dernier lui a fait une promesse de mariage.

Acte I

La chambre de Figaro et de Suzanne

Le rideau se lève sur une chambre meublée seulement d'un fauteuil. Figaro mesure l'espace afin d'y placer le futur lit nuptial, tandis que Suzanne essaye un chapeau orné de fleurs (Duo « Cinque... dieci... »). Suzanne ne veut pas de cette chambre que le comte leur destine, et qui se trouve à proximité des chambres de leurs maîtres car le comte risque d'en profiter pour la poursuivre de ses assiduités. (Figaro, demeuré seul, promet de déjouer les projets de son maître.

Entrent Bartholo et Marceline, un contrat à la main. La vieille fille lui demande de l'aider à obliger Figaro à honorer une ancienne promesse de mariage avec elle. Bartholo promet de s'y employer pour se venger de Figaro, auquel il n'a pas pardonné le soutien apporté au comte pour lui souffler sa pupille Rosine. Marceline aperçoit Suzanne et essaie de la provoquer, mais cela se retourne contre elle. Chérubin entre et raconte à Suzanne que le comte l'a surpris seul avec la jeune Barberine et l'a congédié. Il vole à Suzanne un ruban appartenant à la comtesse sa marraine, dont il est amoureux

Le comte apparaît, pour réitérer ses avances à Suzanne et la convaincre d'accepter un rendez-vous galant. La voix de Basile, maître de musique et langue de vipère, se fait entendre et le comte se cache à son tour derrière le fauteuil, tandis que Chérubin bondit dessus, et que Suzanne le recouvre d'une robe. Mais le comte qui a révélé sa présence finit par découvrir le page. Chérubin n'est sauvé que par l'entrée de Figaro à la tête d'un groupe de paysans, venus remercier à point nommé leur maître d'avoir aboli le droit de cuissage sur son domaine.Figaro demande au comte sa bénédiction pour le mariage, mais celui-ci temporise et réitère le bannissement de Chérubin, lui ordonnant de rejoindre son régiment.

Acte II

La chambre de la comtesse

La comtesse se lamente sur le délaissement de son mari. Suzanne fait entrer Chérubin qu'elle convainc de chanter à sa marraine la sérénade qu'il a composée en son honneur (Air « Voi, che sapete che cosa é amor »). Les deux femmes décident de l'habiller en femme afin qu'il puisse rester incognito au château et assister au mariage. Arrivée du comte qu'une lettre anonyme a averti d'un rendez-vous galant donné à sa femme (il s'agit en fait d'un « faux » de Figaro, destiné à susciter la jalousie du comte et le détourner ainsi de Suzanne) ; Chérubin va se cacher dans le cabinet voisin mais il fait tomber un meuble et le comte, soupçonnant la présence d'un amant, ordonne à sa femme de l'ouvrir. La comtesse refuse, l'assurant que c'est seulement Suzanne ; le comte, fermant toutes les portes, entraîne dehors la comtesse en attendant de trouver une façon de forcer la porte du cabinet.

Suzanne, qui a pu se cacher inaperçue dans l'alcôve, fait sortir Chérubin de sa cachette ; il saute par la fenêtre tandis que la servante prend sa place dans le cabinet. Le comte et la comtesse reviennent. La comtesse avoue que c'est Chérubin qui est caché là pour une farce bien innocente. Le comte entre en fureur et force la porte mais, à son grand étonnement (et à celui de la comtesse), il tombe sur Suzanne. Celle-ci lui annonce ironiquement que la lettre était fausse et que c'était un jeu destiné à le rendre jaloux afin qu'il s'intéresse un peu plus à sa femme. Figaro entre et subit les remontrances de son maître mais désamorce le conflit en rappelant que la noce les attend.

Le jardinier Antonio apporte à ce moment au comte un papier qu'il dit avoir été perdu par un homme qui vient de sauter par la fenêtre de la comtesse. Le document se révèle être la nomination de Chérubin comme officier et Figaro se sort de cet embarras en affirmant que c'est lui qui a sauté et qu'il était en possession de ce papier dans le but d'y faire apposer par le comte un cachet manquant. Alors que tous s'apprêtent à rejoindre la noce, Marceline, Bartholo et Basile apparaissent, réclamant l'application du précédent contrat. Le mariage de Figaro et de Suzanne se trouve reporté afin que le comte puisse juger sereinement - dit-il - de sa validité.

Acte III

La salle du mariage

Le comte est embarrassé par les événements récents. Suzanne se présente et lui annonce qu'elle consent à le rencontrer dans le jardin. Le comte se réjouit de ce revirement. Alors qu'elle quitte la pièce, elle dit à voix basse à Figaro que leur succès est maintenant certain et son procès gagné d'avance. Le comte entend ces dernières paroles et comprend qu'il a été trompé. La scène du procès s'ensuit au cours de laquelle on découvre que Figaro est le fils naturel de Marceline et Bartholo, enlevé à sa naissance et qu'il ne peut donc pas épouser la vieille gouvernante, les anciens ennemis tombent dans les bras les uns des autres au grand dépit du comte.

Seule, la comtesse songe à son bonheur perdu quand Suzanne arrive et lui annonce la bonne nouvelle. Les deux femmes décident de confondre le comte en lui donnant rendez-vous le soir même dans le jardin, où la comtesse se rendra sous les habits de Suzanne. Le comte devra lui rendre l'épingle qui ferme la lettre pour montrer qu'il l'a bien reçue. Un chœur de jeunes paysans, avec parmi eux Chérubin, donne une sérénade à la comtesse. Le comte arrive avec Antonio et, découvrant le page, se met d'abord en colère puis finit par pardonner, apaisé par Suzanne qui lui remet discrètement le billet. L'acte s'achève par le double mariage de Figaro avec Suzanne et de Marceline avec Bartholo.

Acte IV

Dans le jardin, le soir (parfois précédé par une scène dans le couloir).

Suivant les directives du billet, le comte a envoyé Barberine porter l'épingle à Suzanne mais la jeune fille l'a perdue   Innocemment, elle apprend à Figaro - qui n'est pas au courant de la supercherie - l'existence du rendez-vous. Malgré les tentatives d'apaisement de sa mère, qui lui explique que les femmes ont des circonstances atténuantes, il décide de se venger et de confondre les amants sous les yeux de tous.

Suzanne, qui a été prévenue par Marceline, veut également jouer un tour à Figaro qui ose douter de sa fidélité. Après avoir prêté sa voix à la comtesse pour exprimer son impatience à retrouver son « bien-aimé », elle tente sous les habits de la comtesse de séduire Figaro mais celui-ci évente rapidement la ruse et, après être entré dans son jeu en devenant de plus en plus entreprenant, ce qui met en rage Suzanne, il lui avoue l'avoir reconnue. Les jeunes mariés font la paix alors que paraît la comtesse, d'abord importunée par Chérubin qui pense faire la cour à Suzanne, puis rejointe par le comte qui lui déclare son amour et lui offre en gage une superbe bague.

Désirant pousser la farce jusqu'au bout, Figaro se met à courtiser à haute voix la fausse comtesse, ce qui a pour conséquence de mettre le comte hors de lui, qui appelle ses gens, bien décidé à châtier les coupables. Des lumières apparaissent et les masques tombent à la grande confusion du comte qui n'a plus d'autre choix que d'implorer le pardon de sa femme. Elle accepte ses excuses et ils décident de terminer la soirée au son des chants et des danses du banquet de mariage.




 

Enregistré à Musikvereinssaal Vienne1952

Wolfgang Amadeus Mozart ou Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart

, né le 27 janvier 1756 à Salzbourg (Principauté archiépiscopale de Salzbourg) et mort le 5 décembre 1791 à Vienne, est un compositeur autrichien de la période classique. Il est considéré comme l'un des plus grands compositeurs de l'histoire de la musique européenne. Avec Haydn et Beethoven, il a porté à son apogée l'école classique viennoise.

Enfant prodige, il est produit en public dès l'âge de sept ans à travers l'Europe où il subjugue les assistances. Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre considérable (893 œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel). Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose.

Wolgang Amadeus Mozart a écrit dans tous les genres musicaux de son époque et a excellé dans chacun d'eux. On reconnaît généralement qu'il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie et la sonate, qui devinrent après lui les principales formes de la musique classique : il fut l'un des plus grands maîtres de l'opéra. Son succès ne s'est jamais démenti et son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de génie et de virtuosité.

Mozart naît le 27 janvier 1756 à 8 heures du soir au numéro 9 de la Getreidegasse à Salzbourg. Il est le fils de Léopold Mozart, musicien, compositeur et pédagogue originaire d'Augsbourg, ville libre d'Empire, qui occupe alors la fonction de vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d'Anna Maria Pertl, sa femme, fille d'un fonctionnaire de la cour de Salzbourg.

Comme Trèves, Cologne ou Mayence, Salzbourg est une principauté ecclésiastique du Saint-Empire, sous l'autorité d'un prince-archevêque, et rattachée au Cercle de Bavière. Elle est alors une petite ville (10 000 habitants), sur un des itinéraires joignant l'Empire et l'Italie, et tout entière centrée avec ses familles nobles, ses bourgeois, ses petits fonctionnaires et ses artisans sur la cour du prince-archevêque. Souabe par son père, salzbourgeois par sa mère et sa naissance, Mozart ne se dira jamais autrichien ou bavarois, mais toujours allemand.

Wolfgang est le cadet de sept enfants. Trois enfants sont morts en bas âge avant la naissance de sa sœur aînée Maria Anna (surnommée « Nannerl », née en 1751), et deux autres sont encore morts de maladie entre la naissance de Nannerl et la sienne.

Wolfgang est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de Joannes Chrysost[omus] Wolfgangus TheophilusTheophilus, signifiant « aimé de Dieu », a des équivalents, allemand (Gottlieb, prénom que son père lui attribue un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son voyage en Italie en décembre 1769). Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart », mais s’amuse tout au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini, Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc.. Mais les signatures de sa correspondance ne comportent jamais le prénom Amadeus, qui ne sera employé qu'après sa mort.

Mozart est un petit garçon émotif et tendre, joignant la plus attentive docilité à une spontanéité primesautière, avide de tout apprendre (les mathématiques) et racontant des histoires avec une imagination débordante. Il s'épanouit au sein d'un foyer uni et aimant. Il joue avec sa sœur Nannerl, de peu son aînée et bonne musicienne, et reçoit l'enseignement du remarquable pédagogue qu'est son père. Dès l'âge de trois ans, il révèle des dons prodigieux pour la musique : il a l'oreille absolue et certainement une mémoire eidétique. Ses facultés déconcertent son entourage et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l'orgue et la composition. Il sait déchiffrer une partition a prima vista et jouer en mesure avant même de savoir lire, écrire ou compter. À l'âge de six ans (1762), il compose déjà ses premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »).

Mozart ne reçoit pas d'autre éducation que celle donnée par son père. C'est cependant moins au génie en herbe qu'au virtuose que sa famille prend garde. Léopold a envie de faire connaître cet élève hors de pair et son maître, le prince-archevêque, autorisera des tournées qui feront honneur à sa cour.

Entre 1762 et 1766, le jeune Mozart entreprend le Grand Tour lors d'un long périple musical avec son père, employé par le prince-archevêque Sigismond de Schrattenbach, ainsi qu'avec sa sœur aînée Maria Anna qu'il appelle Nannerl. Ils vont d'abord à Munich, puis à Vienne, avant de s'engager, le 9 juin 1763, dans une longue tournée en Europe, qui les emmène de nouveau à Munich, puis à AugsbourgMannheimFrancfortBruxelles où il loge une nuit au château de HasselbrouckParisVersaillesLondresLa HayeAmsterdamDijonLyonGenève et Lausanne.

Le jeune musicien émerveille les cours et les souverains, les dilettantes et les curieux. Il est cajolé et récompensé, parfois en espèces mais plus souvent en bagues ou en montres difficilement monnayables. On admire la simplicité naturelle dont il fait preuve avec les princes. Pour mieux éprouver sa virtuosité, on lui fait accomplir des prouesses comme jouer sur un clavier recouvert d'un drap. À Londres, le naturaliste Daines Barrington tente de montrer que Wolfgang n'est qu'une sorte de singe savant exhibé par son père devant la noblesse européenne et qu'il s'agit d'une supercherie, mais les épreuves auxquelles il soumet l'enfant révèlent qu'il est bien un prodige. Le jeune Mozart démontre ses qualités exceptionnelles de virtuose non seulement au clavecin, et plus tard au pianoforte, mais aussi au violon et à l'orgue.

Jamais un apprentissage aussi riche et divers n'a été offert à un jeune musicien. Il rencontre deux musiciens qui vont le marquer définitivement : Johann Schobert à Paris, et Johann Christian Bach, fils cadet de Jean-Sébastien Bach, à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, et l'opéra italien ; il lui apprend également à construire une symphonie. C'est déjà la moisson des premières œuvres : seize sonates pour violon et clavier, onze symphonies et en 1767, à l'âge de onze ans, un premier opéraApollo et Hyacinthus (K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée dépendant de l'université de Salzbourg.

De retour à Salzbourg, Mozart se rend régulièrement à Vienne, et, durant l'été 1768, compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il n'a alors que douze ans. L'année suivante, le prince-archevêque Schrattenbach le nomme Konzertmeister (l'équivalent de premier violon). Onze plus tard, il n'aura toujours pas monté en grade.

Son père obtient un congé sans solde ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils. De 1770 à 1773, il effectue trois voyages successifs en Italie : Vérone, Florence, Rome, Naples, Bologne, Venise et surtout Milan. Alors qu'il visite Rome, il entend le Miserere de Gregorio Allegri le mercredi de la Semaine Sainte, le 11 avril 1770. Après une seule audition, il aurait parfaitement retranscrit l'œuvre, morceau célèbre mais complexe, d'une durée d'un quart d'heure et alors non publié. Une autre version de l'anecdote mentionne une seconde écoute le Vendredi Saint, Mozart regardant cette fois sa transcription et y apportant quelques modifications. Le pape Clément XIV le nomme chevalier dans l'ordre de l'Éperon d’or.

À Bologne, le père Martini, érudit illustre, l'initie au vieux style sévère et le fait recevoir à l'Académie philharmonique qui n'admet en principe que des membres âgés de plus de vingt ans. Mozart a alors quatorze ans et c'est la dernière haute distinction qu'il recevra de sa vie.

En Italie, Mozart étudie l'opéra, genre musical dans lequel il excellera, mais découvre surtout la bouffonnerie et le travestissement des masques, la concision dense et la netteté du trait, le brio d'une vivacité jamais alourdie. La musique italienne l'instruit moins qu'elle ne le révèle à lui-même en libérant son tempérament des docilités de l'enfance. Il italianise en Amadeo le dernier de ses prénoms, Gottlieb.

Les œuvres de cette période correspondent bien à cette découverte personnelle : symphonies, musiques de chambre, un premier opera seriaMitridate (1770), une réussite formelle de virtuosité vocale, un oratorioLa Betulia liberata (1771, composé à Salzbourg entre deux voyages), un spectacle de cérémonie, Ascanio in Alba, un autre opera seria plus personnel, Lucio Silla (1772) qui ne reçoit qu'un demi-succès.

Le jeune Mozart qui a parcouru l'Europe n'a plus d'autre horizon que Salzbourg. Cette perspective est rendue d'autant plus étouffante par l'avènement, le 22 juin 1772, du nouveau prince-archevêque Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Prince éclairé et progressiste par certains côtés, le prince-archevêque Colloredo, à la différence de son prédécesseur Schrattenbach, est entiché de la seule musique italienne et bien décidé à mettre au pas les Mozart père et fils qu'il trouve arrogants et trop souvent absents. Son nouvel employeur lui impose la forme des pièces qu'il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, Mozart a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque vont en se dégradant au cours des trois années qui suivent.

Mozart réagit à cette situation par une surabondance créatrice : son premier vrai concerto pour piano, son premier quintette à cordes, trois symphonies dont la première (K.183) des deux symphonies qu'il écrira en sol mineur, une partition pour le drame de Thamos. Cette poussée créatrice marque le début de la première maturité mozartienne. Une accentuation et une mobilité nouvelle dans l'expression des sentiments se fait jour, parfois jusqu'au tragique le plus brutal. Avec un dramatisme aigu et un art personnel pour combiner rythmes et mélodies, l'art du jeune Mozart ne ressemble déjà plus à aucun autre.

C'est à cette époque qu'il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné Joseph Haydn, avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et une amitié teintée d'admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom affectueux de « papa Haydn », resté aujourd'hui encore vivace. Joseph Haydn à Léopold Mozart qui le rapporte :

« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »

Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :

« Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme. »

En 1776, Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg. Mais le prince-archevêque refuse de laisser partir son père et lui impose de démissionner de son poste de maître de concert. Après une année de préparatifs, il part avec sa mère, tout d'abord à Munich où il n'obtient pas de poste, puis à Augsbourg, et enfin à Mannheim, où il se lie d'amitié avec de nombreux musiciens au premier rang desquels Christian Cannabich dont il dira dans une lettre du 9 juillet 1778 qu'il était le meilleur chef d'orchestre qu'il ait jamais connu. Toutefois, ses démarches pour obtenir un poste restent là encore infructueuses. C'est à Mannheim également qu'il tombe éperdument amoureux de la cantatrice Aloysia Weber, ce qui suscite la colère de son père, qui lui demande de ne pas oublier sa carrière. Couvert de dettes, Mozart comprend qu'il doit reprendre ses recherches et part pour Paris, au mois de mars 1778.

À Paris, Mozart espère trouver de l'aide auprès de Friedrich Melchior Grimm, qui s'était occupé de sa tournée lorsqu'il avait sept ans, mais sans succès ; l'homme de lettres lui reprochant "un manque de savoir-faire pour se mettre en valeur". Grimm met fin, déçu, au séjour de son jeune protégé. Mozart ne trouve pas non plus de poste qui lui convienne, et a même du mal à se faire payer ses leçons d'un noble qui le traite avec condescendance ; comportement des nobles en général qui marquera Mozart. Lors de ce séjour, sa mère Anna Maria tombe malade et meurt le 3 juillet 1778 rue du Gros-Chenet (actuellement au 8 rue du Sentier où se trouve une plaque commémorative) à Paris. Elle est inhumée à Paris après une messe à l'église Saint-Eustache en présence de son fils qui signe le registre paroissial de cette église.

Mozart rentre alors à Salzbourg où son père réussit à convaincre le prince-archevêque de le reprendre à son service. Sur le trajet de son retour, il passe par Munich où vit la famille Weber. Mais Mozart apprend qu'Aloysia aime un autre homme. Après tous ces événements malheureux, il arrive déprimé à Salzbourg le 29 janvier 1779. Il retrouve son ancien poste de Konzertmeister auquel Colloredo ajoute la fonction d'organiste de la Cour pour 450 florins par an.

En novembre 1780, il reçoit une commande pour l'opéra de Munich où il se rend comme son contrat l'y autorise. La création, le 29 janvier 1781, de Idomeneo, re di Creta (Idoménée, roi de Crète), opera seria, est accueillie très favorablement par le public. De retour à Salzbourg, Mozart doit suivre son employeur à Vienne, où le prince-archevêque le traite publiquement, après des remarques du jeune musicien jugées impertinentes, de « voyou » et de « crétin » avant de le congédier le 9 mai 1781. Mozart s'installe alors dans la capitale autrichienne, dans la pension de Madame Weber, comme compositeur indépendant.Mozart vIsita trois fois la ville de Mayence jusqu'en 1790.

Désormais débarrassé de l'autorité de son père et de son employeur, Mozart peut enfin composer plus librement, mais doit établir sa notoriété à Vienne.

Le 24 décembre 1781, à l'invitation de l'empereur Joseph II, il participe devant la cour à une joute musicale au pianoforte contre Muzio Clementi, célèbre virtuose du clavier tout juste arrivé à Vienne. Mozart a la préférence de l'empereur, Clementi celle de la grande-duchesse Marie-Louise. Les deux pianistes improvisent sur des thèmes imposés, déchiffrent à vue une partition autographe de Paisiello et jouent des morceaux de leur composition. Mozart interprète des variations sur le thème de Ah vous dirais-je maman !. L'empereur déclare la joute nulle et remet cinquante ducats à chacun. Le pianiste Ludwig Berger se souviendra de Clementi lui disant en 1806 de Mozart : « Jamais jusqu'alors je n'avais entendu quelqu'un jouer avec autant d'esprit et de grâce. J'ai été particulièrement impressionné par un adagio et par plusieurs de ses variations extempore, dont l'empereur avait choisi le thème, et que nous devions concevoir alternativement. »

En 1782Joseph II commande un opéra à Mozart. Ce sera Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck, compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart et sera l'opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l'opéra allemand dont il rêve.

Mozart a fait la connaissance de la troisième fille de madame Weber, Constance, et décide de l'épouser sans attendre le consentement écrit de son père qui en sera furieux. Le mariage est célébré à Vienne le 4 août 1782 à la cathédrale Saint-Étienne. Peu après, le baron van Swieten, directeur de la bibliothèque impériale, lui fait découvrir deux compositeurs qui sont alors tombés dans l'oubli : Bach et Haendel. Mozart, homme de théâtre tout comme Haendel, admire les effets musicaux créés par ce dernier pour accentuer le caractère dramatique de ses œuvres. Il est en outre fasciné par l'art du contrepoint de Bach, qui influence directement sa Grande messe en ut mineur KV. 427, et nombre de ses œuvres par la suite. La même année, il commence une série de six quatuors dédiés à son ami Joseph Haydn, qui se terminera en 1785.

Pétri des idées des Lumières, Mozart entre le 14 décembre 1784 en franc-maçonnerie dans la loge Zur Wohltätigkeit (la Bienfaisance), et accède au grade de maître, le 13 janvier 1785. Très épris des idéaux de la maçonnerie qui diffusent cette philosophie des Lumières, il écrit par la suite une douzaine d'œuvres pour ses frères maçons, dont Die Maurerfreude (La Joie des maçons, K. 471) en février 1785, la Maurerische Trauermusik (Musique funèbre maçonnique, K. 477) en novembre 1785, et surtout, en 1791La Flûte enchantée (dit « opéra maçonnique ») KV. 620, qui serait une transcription de l'initiation à la franc-maçonnerie avec ses épreuves, son maître de cérémonie, la répétition de thèmes avec trois notes et une musique évoquant l'idéal maçonnique.

Article détaillé : Mozart et la franc-maçonnerie.

En 1786, Mozart fait la connaissance du librettiste Lorenzo da Ponte, « poète impérial » à Vienne avec un rang directorial comparable à celui de Salieri directeur musical du Théâtre d'opéra impérial et kappelmeister. Da Ponte, alors bien en cour, contrairement à Mozart, convainc l'empereur d'autoriser la création d'un opéra basé sur Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, alors qu'il avait fait auparavant interdire la pièce, jugée subversive. Mozart met en musique le livret de Lorenzo da Ponte, et la première de Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) a lieu le 1er mai 1786 à Vienne. Son succès n'empêche pas son retrait rapide de l'affiche, l’œuvre mécontentant la noblesse viennoise. Mozart part alors à Prague, où Le nozze connaît un grand succès. En hommage à cette ville, il compose la Symphonie no 38 en ré majeur.

Il reçoit alors du directeur du théâtre de Prague, ville qui lui a fait fête, la commande d'un opéra pour la saison suivante. Mozart fait à nouveau appel à Lorenzo da Ponte librettiste à succès, pour créer le livret de Don Giovanni. Il s'inspire d'un opéra buffa italien de Gazzaniga produit à Venise sur un livret de Bertati quelques mois auparavant. Le 28 mai 1787, son père, Léopold, meurt. Il avait rompu avec lui. Ce décès bouleverse Mozart, et va influencer la composition de son opéra alors en chantier. Don Giovanni est créé au théâtre des États de Prague le 28 octobre 1787 avec un grand succès, mais qui ne se confirmera cependant pas à Vienne. Mozart note Don Giovanni comme un opéra buffa, sans doute en raison du genre d'opéra, dans son catalogue, mais cet opéra sera publié et produit comme dramma giocoso, mêlant le comique et le tragique.

Le 7 décembre 1787, Joseph II, satisfait de Mozart, le nomme musicien de la chambre impériale et royale avec un traitement confortable de 800 florins par an. Il le charge de la musique de danse. Mozart tentera en vain d'obtenir le poste de Konzertmeister impérial, la fonction occupée par Gluck. À ce traitement, Mozart ajoute ses cours privés donnés à la noblesse ou à la bourgeoisie de Vienne, le fruit des concerts par souscription qu'il organise et qu'il dirige et des gratifications pour chacun de ses opéras. Des opéras qui ne connaissent pas un grand succès selon Robbins Landon, la Cour et le public préférant l'opéra napolitain de Paisiello et Martin y Soler notamment, bien qu'il s'inspire de ce style dans la trilogie, mais à sa manière. C'est cette manière qui à cette époque ravit les amateurs. Même Goethe qui admire Mozart, lui préfère Cimarosa. Après la mort de son protecteur Joseph II, Léopold II lui succède. Ce dernier ne semble pas apprécier Mozart qui perd sa situation, puis les faveurs de la noblesse, sans doute à cause du procès pour dettes intenté par le prince Lichnowsky à l'issue d'un voyage effectué en commun.

Durant les dernières années de sa vie, Mozart est souvent malade et chroniquement endetté, ceci malgré de nombreux succès très bien rétribués, car il mène grand train de vie. Il compose beaucoup : sonates, concertos, symphonies, opéras (dont Così fan tutte, sa dernière collaboration avec Lorenzo da Ponte). L'année 1790, qui voit le décès de l'empereur Joseph II (son successeur Léopold II n'est pas favorable aux francs-maçons) et le départ de Joseph Haydn pour Londres, est peu productive.

En 1791Emanuel Schikaneder, franc-maçon comme lui, mais d'une autre loge, directeur d'un petit théâtre populaire de la banlieue de Vienne, le Freihaustheater auf der Wieden, sollicite sa participation à un opéra populaire en allemand. Il en écrit le livret, et Mozart écrit la musique de son avant-dernier opéra, Die Zauberflöte (La Flûte enchantée). Sa création le 30 septembre dans le théâtre privé de Schikaneder est un triomphe. Ce dernier a prévu de mettre en scène plusieurs opéras populaires de langue allemande inspirés de Lulu, ou La Flûte enchantée et les Garçons judicieux, tirés du recueil de contes intitulé Dschinnistan, de Wieland et Johann August Liebeskind (1786-1789). Le livret de La Flûte enchantée (Die Zauberflöte) représente un opéra féérique, mi-chanté, mi-parlé. D'après des recherches récentes, les airs de l'opéra émaneraient de compositeurs divers collaborant avec Schikaneder et pas seulement de Mozart, mais toute la musique aurait été attribuée à ce dernier. Il s'agirait donc d'une production collective qui se serait poursuivie dans un autre opéra féérique Der Stein der WieseLa Flûte enchantée passe pour avoir créé un « style d'opéra allemand complètement formé fondé sur l'étrange mélange et d'humour vernaculaire qui caractérise le texte. »

En juillet, un inconnu lui aurait commandé un Requiem (KV. 626), qui devait rester anonyme. On sait aujourd'hui qu'il était commandité par le comte Franz von Walsegg, et on suppose que celui-ci souhaitait soit faire deviner à ses amis le nom de l'auteur, soit s'en attribuer la paternité. On a retrouvé le contrat entre le comte et Mozart selon le Dictionnaire Dermoncourt. Celui-ci, affaibli par la maladie et les privations, doit, en outre, faire face à une surcharge de travail, car il a reçu (début août) la commande d'un opéra (La Clemenza di Tito, KV. 621) pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II, qu'il doit composer21 en trois semaines. L'opéra est mal accueilli, l'impératrice qualifie l’œuvre « porcheria tedesca » et de « musique très mauvaise » ; quant à la cour, elle lui est hostile dès le départ (elle avait « une aversion fortement préconçue pour la composition de Mozart ») et n'aimait que l'opéra italien
Mozart meurt le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin, à l'âge de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem (qui sera terminé à la demande de Constance par trois de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer, Joseph Eybler, Freystadler et probablement l'abbé Stadler d'après Robbins Landon). Les raisons de sa mort restent inconnues. Il était alors fiévreux, le corps gonflé et alité.

L'état de santé de Mozart au cours de sa vie et au moment de sa mort ont fait l'objet de nombreuses publications et près de cent quarante causes possibles ont ainsi été citées par Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique : grippehémorragie cérébraletrichinoseobésitésyndrome maniaco-dépressiffièvre rhumatismale aiguë par streptocoque, empoisonnement au mercure par Salieri jaloux (hypothèse peu vraisemblable), par les francs-maçons furieux de voir leurs rites révélés dans La Flûte enchantée (hypothèse peu crédible car la Franc-maçonnerie éditait une gazette librement distribuée et n'était pas secrète à Vienne), ou par prise de la « liqueur de Van Swieten », hypothèse également peu vraisemblable et très peu évoquée qui met en cause Van Swieten père, médecin et ami de l'empereur François Ier d'Autriche. Pour Robbins Landon, les deux hypothèses vraisemblables sont que Mozart est mort « d'une fièvre rhumatismale ou selon un autre diagnostic d'une insuffisance rénale ».

Œuvres majeures

Opéras

Symphonies

Concertos

  • Concertos pour piano et orchestre :

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