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Francis LEMARQUE / PARIS POPULI
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1 - Bonnes gens 1’02 2- (1830) Faubourg St Antoine 4’09 3- Bonnes gens 0’36 4 - (1870) Le siège de Paris 2’44 5 - Elle voulait la sainte république 6’ 6 - A votre bon cœur 1’30 7 - (1871- 1895) Caf’ Conc’ 1’30 8 - Après dix ans d’exil 1’36 9 -Hugo de Paris 5’29 10 - Caf’conc et boxe française 1,32 11 - L’avant guerre 2’30 12 - (1914-1918) Elles ne tirent plus l’aiguille 2’50 13 - (1934) TSF, Stavisky et février 34 - 3’15 14 - (1936) Paris sur sable 3,30 15 - (1940) J’ai perdu le combat mais pas perdu la guerre 2 ‘05 16 - (1944) Non ça n’est pas possible 2’32 17 - Ca sent la joie 2’40 18 - Final 3’30
FRANCIS LEMARQUE
Francis LEMARQUE, né Nathan KORB, a vu le jour le 25 novembre 1917 à Paris rue de Lappe. Ses parents sont tous deux arrivés en France quelques années auparavant. Son père Joseph de Russie et sa mère Rosa EIDELMAN de Lituanie. La famille KORB et leurs enfants Maurice, Nathan et Rachel, vivent dans un deux pièces exigu au 51 rue de Lappe, juste au-dessus du Bal des trois colonnes. Cette rue, commerçante et populaire le jour, devient la nuit le terrain de jeux des prostituées et des apaches, rejoints par des citadins nantis venus s’encanailler dans un des 17 bals musette de la rue de Lappe. Le petit Nathan, grandit dans un quartier où se mélangent plusieurs communautés dans une ambiance conviviale. Il vit une enfance pauvre, délurée et joyeuse sur un territoire de rues et de terrains vagues délimité par le Faubourg saint Antoine, la rue de la roquette, la rue des Taillandiers et la rue de Charonne dans lesquels il va trouver l’amour de la liberté, le bonheur de vivre et le terreau de ses futures chansons. Dès l’âge de 6 ans Nathan est un gamin de Paris et « fait la rue ». Pour avoir l’argent que ses parents ne peuvent lui donner il chante et siffle des airs à la mode bravant les réprimandes de sa mère lorsque les habitants du quartier lui jettent quelques pièces de monnaies. A 11 ans, certificat d’études en poche il quitte l’école pour travailler en usine. En 1934, les frères KORB intègrent le groupe Mars, qui comme le groupe Octobre est affilié à la fédération des Théâtres Ouvriers de France. Pendant les grèves du Front Populaire, il est l’un des chanteurs-acteurs regroupés par Sylvain ITKINE et au sein du groupe Mars diffuse dans les usines et dans les rues des tracts, des spectacles et des chœurs parlés provocateurs et poétiques. Puis les frères KORB créent un duo qu’ils nomment « les frères Marc ». Ils sont les premiers à chanter du PREVERT puis tournent avec RENOIR dans « La vie est à nous ».
Le duo les frères Marc 1934. Maurice et Francis à droite La guerre éclate, il est affecté comme lieutenant-guitariste. Démobilisé en juin 1940 il rejoint Sylvain ITKINE à Marseille et travail au Croquefruit. Il y croisera Jacques CANETTI, MOULOUDJI, Loleh BELON, Sylvia BATAILLE. Avec son frère Maurice et Jean BERNARD il crée le trio Jean, Marc et Nat et Jacques CANETTI leur trouve des contrats. Il chante sous le nom de Francis MARC. Lorsque la zone libre est occupée il rejoint le maquis dans le régiment du 12ème dragon. Il a 28 ans à la libération. Sa mère a été assassinée par les Allemands et son père est décédé de la tuberculose en 1933. C’est avec un sentiment de solitude qu’il reprend ses nuits blanches, insouciantes et sans lendemain et retrouve la faune de Saint-Germain-des-Prés, alors en pleine explosion littéraire et musicale. La rencontre avec Steph SIMON [i] qui deviendra son père adoptif donne un autre tournant à sa vie. Chez lui, rue de Tournon, Francis rencontrera des peintres, des musiciens des sculpteurs, des comédiens et des libres-penseurs. Lorsque Mado ROBIN l’invite à voir MONTAND qui passe au Club des 5, c’est le choc. Il veut participer à son travail et en pensant à lui se met à écrire les textes et la musique de plusieurs chansons. Puis l’excitation retombée et à défaut d’engagements lucratifs, travaille comme coursier aux éditions de Minuit. C’est Jacques PREVERT qui le présentera à Yves MONTAND. Ce dernier lui prend immédiatement « Ma douce vallée », « Matilda » et « Je vais à Pied ». Il lui écrira pendant de longues années une trentaine de chansons dont « A Paris » et « Quand un soldat » Le jeune compositeur doit maintenant aller déposer ses œuvres à la SACEM.- Sous quel nom lui demande l’employé.
- Francis MARC !
- Impossible il y a déjà un Francis Marc enregistré chez nous !
- Alors ce sera… Francis LE MARQUE tout attaché répond-il avant de signer le bon de dépôt.
A Partir du moment où Yves MONTAND commence à interpréter ses chansons, Francis est sollicité de tous cotés. Jacques Canetti l’incite à chanter ses propres œuvres et une nouvelle vie commence. Il écrit avec des coauteurs dont Michel LEGRAND, Norbert GLANSBERG, Bob CASTELLA, Vladimir COSMA, Jean DREJAC. Puis il crée les productions Francis LEMARQUE édite la musique des parapluies de Cherbourg et des demoiselles de Rochefort, découvre des talents en Serge LAMA et Daniel GUICHARD. Auteur de plus de 500 chansons et de nombreuses musiques de films, les vieux de la vieille, le cave se rebiffe, Chéri-Bibi et Play time de Jacques TATI, sorti en 1967, Francis LEMARQUE reste modeste malgré le succès.
« Je suis rentré dans ce métier par la grande porte, d’une façon miraculeuse, comme un enfant qui serait resté longtemps collé à la vitrine d’un magasin de jouets et à qui le père noël en personne aurait ouvert la porte, le prenant par la main pour lui faire visiter son sanctuaire et le priant d’emporter tout ce qui lui ferait plaisir »[ii]
COMMENT EST CREE PARIS POPULI
S’il est un chanteur qui symbolise la ville de Paris, c’est bien Francis LEMARQUE, et en 1972, l’écrivain et parolier Georges COULONGES le sait bien. Il rêve d’écrire avec lui une grande épopée sur Paris et lui présente un texte d’une centaine de lignes intitulé PARIS POPULI. La vie de Paris et des Parisiens de la révolution de 1789 jusqu’à la libération de Paris en aout 1944. Quelques jours plus tard Francis LEMARQUE lui envoie la première musique que cela lui a inspirée. "Aussitôt j'ai eu le pressentiment de ce que serait ce "PARIS POPULI", raconte-t-il. Les vers étaient si beaux que la musique venait comme une symphonie. Nous avons travaillé pendant près de deux ans, nous allions si vite que, pour gagner du temps, Georges me dictait des séquences au téléphone ; dès que nous avions raccroché, je fonçais au piano, et ce qu'il m'avait dicté était mis en musique le jour même et je lui téléphonais pour lui chanter tandis qu’il me dictait d’autres séquences." Mais pour servir ce projet d’écriture ambitieux dans lequel il s’engage corps et âme il ressent la nécessité d’approfondir ses connaissances musicales et demande à Pierre DOURY, directeur du conservatoire de Saint-Maur-des-Fossés, de lui donner des cours. Pierre DOURY apprend que Francis LEMARQUE a composé la musique de Play time et de nombreuses chansons à succès, alors qu’il est autodidacte et souvient d’un homme très motivé par cet apprentissage. Une fois l’œuvre créée Francis LEMARQUE la fait écouter en avant-première à Chris MARKER, puis bien sur à Michel LEGRAND qui s’associa à lui pour une coédition. Le grand orchestre symphonique de RTL enregistra l’intégralité de PARIS POPULI sur laquelle les grands interprètes de l’époque mirent leurs voix. Marcel AMONT, Michel DELPECH, Daniel GUICHARD, Jean GUIDONI, Juliette GRECO, Serge LAMA, Christiane LEGRAND, Michel LEGRAND, Francis LEMARQUE, Jacques MARTIN, MOULOUDJI, NICOLETTA, Serge RAGGIANI, Marcelo ROTHEL, Catherine SAUVAGE, Francesca SOLLEVILLE, Jacques YVART et un luxueux coffret de 3 vinyles sort en 1975 sous le label Barclay. Francis LEMARQUE présentera PARIS POPULI au Théâtre de la Ville, puis au Cirque d'Hiver et à la fête de L'Humanité. Il décide ensuite de donner une autre version 0 cette œuvre pour la faire voyager car réunir les artistes et très aléatoire. Ce sera 6 musiciens un chanteur et un spectacle visuel.
« Après un travail titanesque de choix iconographique nous avons été chez des collectionneurs de figurines pour photographier des scènes de la vie des années 1900 et de reconstitutions de batailles. Mais cela ne fonctionnait pas à la projection. Il fallait des documents qui aient la force pour faire face à ce texte si puissant. Ou les trouver ? Dans les agences mais les conditions restrictives nous ont conduits vers les archives des musées, Carnavalet entre autres, avec qui des accords sont déjà élaborés, et les photographes indépendants comme Marcel DELIUS et Pierre JAMET. Yann BERRIET, un talentueux concepteur d’audiovisuel a ensuite réalisé 50 minutes de séquences en utilisant 250 documents sur 6 projecteurs pour grand écran. Le tout était contrôlé par un système manuel en fondu enchainé. » Se souvient Stéphane KORB.
Puis en 1977 PARIS POPULI s’installe avec l’audiovisuel dans la petite salle du TEP, part en tournée en France et en Belgique, et revient deux mois au TEP en 1978 puis repart en tournée.
Georges COULONGES avait préparé un petit lexique à l’intention du public.
LE SAVIEZ-VOUS
Qui appelait-on LE SIRE DE FISH-TON-KAN ? Qu’est-ce qu’un MOBLOT ?...et un FRANC FILEUR ? En quoi la ville de FRANCKFORT est elle liée à la ville de Paris ? Qui était BAZAINE, MILLIERE, VARLIN, DELESCLUZE et quelle fût leur fin ? Et MONSIEUR TIERS ?
Il expliquait aussi en quoi LE TEMPS DES CERISES était lié à la Commune car PARIS POPULI reprenait le 4ème couplet que Jean-Baptiste CLEMENT avait ajouté après avoir constaté à son retour d’exil de communard que sa chanson était reprise dans les commémorations.
J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une paie ouverte
Et dame fortune en m’étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur
Puis les musiciens enchainent sur Faubourg Saint Antoine et la vie des artisans du faubourg de la première partie du XIXème siècle et le début de la colère populaire et des barricades dressées contre la liberté menacée. Viens ensuite les évocations l’armée prussienne qui encercle Paris c’est Le siège de Paris de 1870. La famine du peuple qui côtoie l’abondance des bourgeois et la défense de Paris qui s’organise pour ne pas perdre sa liberté. La réconciliation des fédérés et des Versaillais et la proclamation de la commune et les espoirs, puis le combat des Parisiens face aux armées réunies par THIERS… Elle voulait la sainte république. Viens la défaite et les désillusions et la voix du peuple qui veut se reconstruire. A votre bon cœur. La vie reprend et entre 1871 et 1895 le monde change, l’électricité, le téléphone, l’exposition universelle et les premiers syndicats côtoient les Cafés concert. Ce temps dure dix ans avant que les communards, Jules VALLES, Jean Baptiste CLEMENT, Eugene POTTIERS, Louise MICHEL retrouvent Paris devant le mur des fédérés Après Dix ans d’exil. Face au séisme que provoque la mort de Victor HUGO, ils sont tous là pour rendre un vibrant dernier hommage lors de l’enterrement du poète, inlassable défendeur de la liberté et du peuple.
Le premier tour de France déchaine les foules, Louis BLERIOT traverse la manche et Paris se transforme avec les voitures et la première ligne de métro les Parisiens s’amusent Caf’Conc et boxe Française. Puis L’avant guerre que préfigure l’assassinat de Jean JAURES, 1914 le départ des poilus et des femmes restées au pays. Elles ne tirent plus l’aiguille en 1914 dans la France en guerre, elles remplacent les hommes dans les usines et tous les métiers toujours avec l’espoir de voir revenir et leurs fils et leurs maris. Puis la guerre finit l’ivresse et le charleston règnent partout, c’est la belle époque insouciante avec Rudolph VALENTINO TSF, STAVISKY et février 34, le revers de la médaille, le chômage, la poussée de l’extrême droite, les grèves le front populaire les congés payés de 1936 Paris sur sable puis à nouveau la guerre, l’occupation la résistance, la débâcle et Paris ville ouverte. Mais de Londres en 1940 un voix se dresse, se fait entendre et donne de l’espoir et du courage J’ai perdu le combat mais pas perdu la guerre. Alors les Paris se dressent Non ça n’est pas possible, s’organise, résiste et se soulèvent. Les Parisiens se libèrent dans une explosion de bonheur et de fraternité retrouvée. ça sent la joie dit la jeunesse de Paris, éternelle et rebelle qui le clame dans le Final : ces garçons et ces filles se sont forgé un futur sur l’ancienne bastille.
LA PRESSE DE L’EPOQUE DU TEP
Cette fresque populaire illustrée par des projections prend l'apparence d'une chanson épique sortie d'une boîte à musique. Tout ici est traduit en un simple langage par un chanteur des rues (...) mais la voix un peu trainante de FRANCIS LEMARQUE demeure le meilleur reflet d'une certaine image de Paris. François de Santerre.LE FIGARO
Sur les bancs du Petit TEP, les gens se serrent pour être encore un peu plus nombreux à écouter Francis LEMARQUE et PARIS POPULI, une belle histoire de France écrite par Georges COULONGES. Claire Devarieux. LE MONDE
PARIS POPULI c’est l’œuvre commune de Georges COULONGES pour les textes et Francis LEMARQUE pour la musique. C’est aussi l’histoire de la capitale de 1789 à 1944. Pas celle de nos livres, mais Paris vécu, rêvé par ceux qui ont traversé son histoire. Charles Joyon. ELLE
PARIS POPULI, cet oratorio populaire à la gloire de Paris. Tout cela est à la fois grand et simple, sérieux et désinvolte très Parisien finalement. ( …) Et Francis s’en tire plus que brillamment. Georges Quiquéré. LA VIE OUVRIERE