Liste des produits et biographie de Helen HUMES

Helen HUMES
Chanteuse de blues américaine

HELEN HUMES - TODAY I SING THE BLUES (1927-1947)

 

Le monde des vocalistes est un monde à part. D'abord c'est celui où, contrairement aux musiciennes, les femmes y sont nombreuses, acceptées et vénérées. Une chanteuse sur scène est, comme une comédienne ou une danseuse, une femme inaccessible, elle alimente nos fantasmes et nos rêves. La musique a besoin de ses divas, rayonnantes ou tragiques, épanouies ou brisées, et le jazz n'y échappe pas : d'un côté Ella Fitzgerald, de l'autre Billie Holiday. Chacune dans sa loge, comme si c'était aussi simple. Comme si, finalement, les unes et les autres ne se retrouvaient pas sur un thème commun, celui de chanter la vie, ses joies et ses peines, et de les faire partager, un tout petit peu, par le public. Toutes ces facultés, toutes ces qualités se retrouvent chez Helen Humes, petite bonne femme grassouillette qui ferait plutôt envie que pitié. Mais ne nous y fions pas, si elle n'est pas devenu mythe comme Bessie et Billie, si elle n'a pas accédé au statut de diva comme Ella, Mahalia, Dinah, Sarah, Aretha ou Tina, Helen fut l'une des très grandes chanteuses de l'histoire du jazz et du blues.

 

Née le 23 juin 1913 à Louisville (Kentucky), Helen Humes était l'enfant unique d'un couple relativement aisé : père juriste et mère institutrice (d'origine Cherokee). Vers l'âge de 5 ans elle commence à tapoter le piano puis chante dans la chorale de jeunes à la North Street Baptist Church avant d'apprendre sérieusement la musique (solfège, chant, piano, clarinette et trompette) à partir de 11 ans. Elle tient ensuite le piano dans le Sunday School Band du Booker T. Washington Community Center qui joue dans les petits bals et fêtes de la région et où elle voisine avec deux musiciens promis à une belle carrière, le tromboniste Dickie Wells et le trompettiste Jonah Jones.

C'est alors qu'elle est remarquée par Sylvester Weaver, un guitariste de blues et de ragtime de Louisville qui a gravé ses premiers disques en 1923 et lui obtient une séance de studio pour OKeh à St.Louis en avril 1927. Résidant en ville à cette époque, c'est le grand guitariste Lonnie Johnson qui l'accompagne. Après cet essai, elle est conviée à New York où elle grave une huitaine de titres, tantôt avec le pianiste J.C. Johnson (1), tantôt avec le duo Sylvester Weaver/Walter Beasley, le premier jouant du slide. Helen n'a que 14 ans et, à côté d'une grâce et d'une fraîcheur juvéniles (qu'elle gardera toute sa vie!), elle fait déjà preuve d'une étonante maturité vocale. Si  If Papa Has Outside Lovin' s'inscrit encore dans la veine vaudeville blues de l'époque, les pièces tournées avec les deux guitaristes frappent, dans un style à la fois dépouillé et raffiné, par leur modernité.

Voilà un début de carrière prometteur stoppé par maman Humes qui ne veut pas laisser partir sa fille seule en tournée. Alors pendant quelques années, Helen va poursuivre ses études à Louisville, travailler avec son père dans l'immobilier, puis dans une banque et un restaurant tout en continuant à chanter pour son plaisir.

Mais il est difficile de renoncer à sa vocation. Et Helen Humes entre en 1936 dans l'orchestre du saxophoniste Al Sears qui joue dans les clubs et les hôtels de Buffalo, se joint ensuite au Doc Wheeler's Sunset Royal Band à Cincinnati où elle croise pour la première fois Count Basie, puis se retrouve à New York avec le Vernon Andrade's Orchestra. En 1937, alors qu'elle est toujours membre du Al Sears Band, elle enregistre avec le trompettiste Harry James, participe à un show d'amateurs à l'Apollo de Harlem et finit par intégrer l'orchestre de Basie pour y remplacer Billie Holiday, signe incontestable de la haute estime dans laquelle la tient le Count. L'orchestre fait alors les beaux soirs du Famous Door de New York.Elle grave d'abord un Blues With Helen d'une belle facture classique en juin 1938 avec Basie en quintette — Lester Young y joue de sa clarinette métallique — mais, durant les quatre années qu'elle va passer dans l'orchestre, Helen Humes ne va chanter (et enregistrer) que des ballades, des pop songs  et des thèmes de jazz, les blues et les boogies étant réservés au "mâle", Jimmy Rushing. Deux exceptions : Sub-Deb Blues, un morceau précisément "à la Rushing", et My Wondering Man.

Pendant et après son séjour au sein du Count Basie Orchestra, Helen Humes chante en soliste au Café Society Downtown souvent accompagnée par le pianiste Teddy Wilson (1941-43) et au Famous Door (1942). Cette même année elle enregistre quelques faces avec une petite formation réunie par le saxophoniste Pete Brown — Gonna Buy Me A Telephone annonce sa future manière rhythm and blues —, se produit à New York au Three Deuces, au Village Vanguard avec le pianiste Eddie Heywood, au Minton's avec le saxophoniste Don Byas et part en tournée dans le Midwest avec le Ernie Fields Band.

En 1943/44, Helen Humes tourne avec le Clarence Love Orchestra avant de devenir la première chanteuse engagée par Norman Granz dans la troupe du «Jazz At The Philarmonic» pour un concert au Carnegie Hall. Jusqu'au début des années 50, elle se produira fréquemment à travers tout le pays avec le JATP.

À partir de 1944, Helen Humes va recommencer enfin à sortir des disques sous son nom. Alors qu'elle est la pensionnaire du Small's Paradise de New York, elle enregistre avec une formation très composite dirigée par Leonard Feather qui comprend aussi bien Herbie Fields (sax alto, clarinette) et Prince Robinson — écoutez son incroyable solo de ténor free hurleur dans Suspicious Blues —  que Chuck Wayne (guitare) et Oscar Pettiford (contrebasse). En 1945, la chanteuse se rend sur la Côte Ouest pour une série de concerts, de passages en club (le Street of Paris à Hollywood) et de shows radio/TV. Elle enregistre avec Bill Doggett son fameux Be-Baba-Leba, thème emblématique du rhythm and blues naissant qu'elle aurait "emprunté" au saxophoniste Jim Wynn (Ee-Bobaliba) avant de se le faire piquer à son tour par Lionel Hampton (Hey-Ba-Ba-Re-Bop) ! À la même époque, Helen participe à plusieurs enregistrements radiophoniques avec Benny Carter, Andy Kirk, Roy Eldridge, Lester Young, Coleman, Jimmy Mundy... et poursuit ses séances de disques dans lesquels figurent des musiciens de caractères et d'approches très différents — comparer ainsi, lors de la même session, les solos de ténor de Lester Young (Pleasing Man Blues) et de Maxwell Davis (It' Better To Give Than To Receive) — ainsi que des All Stars souvent réunis sous la houlette du trompettiste Buck Clayton.

Helen Humes est alors au sommet de sa popularité. En 1946, elle est à Boston et à Brooklyn avec le JATP, participe à la «New Revue of Stars» présentée au Small's Paradise, tourne plusieurs courts métrages avec le grand orchestre de Dizzy Gillespie (1947) et obtient son plus grand succès discographique avec Million Dollar Secret enregistré en public lors d'un mémorable «Blues Jubilee Concert» au Shrine Auditorium de Los Angeles avec le Roy Milton Band (1950).

Puis, à l'instar de celle de sa consœur Dinah Washington dont elle est très proche sous de nombreux aspects, sa carrière, tout en gardant une orientation R&B, va évoluer vers le circuit "jazz" : disques avec Marshall Royal et Dexter Gordon (1950), apparitions filmées avec Count Basie (1950-51), tournées JATP aux États-Unis et en Hawaï (1951-52), enregistrements avec le pianiste Gerald Wiggins (1952) avec qui elle travaille régulièrement, participation à la «Harlem Variety Revue» avec Basie à l'Apollo Theater (1954), etc. ; son répertoire, éclectique, s'adaptant à ses divers publics.

À partir de 1956, la chanteuse se produit durant plusieurs années avec le vibraphoniste Red Norvo (Hollywood, Australie...), est invitée au festival de Newport en 1959 et enregistre pour Contemporary le contenu de trois albums délibérément orientés vers le jazz en compagnie de musiciens aussi divers que Benny Carter, Ben Webster, Art Pepper, Teddy Edwards (saxes), Wynton Kelly, André Previn (piano), Barney Kessel (guitare) ou Shelly Manne (batterie) sur des arrangements dûs à la plume de Marty Paich qui affirma : "Je considère sans aucun doute Helen comme l'une des plus grandes chanteuses de jazz de tous les temps." Sans commentaires. En effet, Helen Humes est au sommet de son art et la réussite est totale. Sa carrière en bénéficie. Elle est programmée au Monterey Jazz Festival en 1960 et 1962, et peu après embarque pour l'Europe avec la première tournée de l'American Folk Blues Festival où, accompagnée par Memphis Slim et T.Bone Walker, elle retrouve un répertoire plus traditionnel.

Installée depuis longtemps sur la Côte californière, Helen Humes est une pensionnaire habituelle du Shelly Manne's Hole (Los Angeles) jusqu'en 1967 quand, pour aller soigner sa mère malade, elle retourne dans sa ville natale. Sa carrière semble alors terminée.

Or, en 1973, Helen remonte sur les planches. Elle a 60 ans et sa vitalité, sa "jeunesse" et ses aptitudes vocales sont intactes. Il va lui rester huit années pour faire entendre sa voix, huit années de reconnaissance internationale lorsqu'elle va occuper, enfin, les scènes du monde entier : Newport Jazz Festival en 1973, 74 et 75 (elle y retrouve Count Basie), tournées et disques en France pour Black & Blue en 1973 avec Arnett Cobb, Jay McShann et Milt Buckner et en 1974 avec son ancien pianiste Gerald Wiggins, Ed Thigpen et Gérard Badini, festivals de Baden Baden (1973), Montreux (1974 avec Earl Hines et Buddy Tate), Nice (1975 et 78), Monterey (1975-76)... avec en point d'orgue deux albums Muse en 1979/80.

Le 9 septembre 1981, sa voix se taît à Santa Monica (Californie) et la petite Helen rejoint le Panthéon et sans doute le Paradis des chanteuses de blues et de jazz dont elle fut l'une des plus éclatantes représentantes.

 

Helen Humes possédait un allant, un entrain, un drive qui, s'appuyant sur une mise en place parfaite et une justesse de ton rare, dynamisaient ses interprétations. Elle swinguait  tout ce qu'elle chantait. Aussi naturellement à l'aise et alerte sur les tempos rapides qu'impliquée, chaleuseuse et caressante sur les ballades intimistes, elle gardait toujours la maîtrise de son chant et une retenue qui n'empéchait pas l'éclat. Malgré sa réputation et une reconnaissance acquise, elle n'a jamais accédé au statut de star et s'est donc protégée, contrairement à Dinah Washington, des dictats du show business. Aussi son œuvre ne comporte-t-elle aucun déchet. Interprète versatile et flexible, elle savait tout chanter avec cœur et plaisir. Héritière d'une lignée entamée par Ethel Waters, contemporaine de Billie Holiday, précurseur des chanteuses dynamiques de l'après-guerre, annonciatrice de Dinah Washington avant d'être, en retour, attirée par elle — bel exemple d'échange —, Helen Humes a occupé en fait une (la?) voix majeure de l'histoire de la musique vocale afro-américaine.

Pour s'inscrire dans le cadre de notre Blues Collection, notre choix s'est porté essentiellement sur les blues qu'elle chantait si bien. Non pas ceux rudes et dépouillés du ghetto, sa situation sociale l'en avait préservé, mais ceux qui savent toucher chacun d'entre nous lorsque les mots qui l'expriment sont dits avec justesse et foi. Pourquoi le blues n'exprimerait-il pas aussi le bonheur, du moins sa recherche ?

 

Jean Buzelin

 

(1) Et non pas James P. Johnson comme on l'a longtemps cru et répété.

 

Nous remercions Jacques Morgantini et Jean-Pierre Tahmazian pour l'aide qu'ils ont apporté à la réalisation de ce disque.

 

 

HELEN HUMES - TODAY I SING THE BLUES (1927-1947)

 

The world of vocalists differs from other domains in that it is one in which women are not only omnipresent but are also accepted and venerated. In the same way as an actress or a dancer, a female singer on stage represents an inaccessible woman, the stuff our dreams are made of. All music needs its divas, whether radiant or tragic, in full bloom or fading, and jazz in no exception: on the one hand Ella Fitzgerald, on the other Billie Holiday. Each in her own dressing-room—as if it were as simple as that! As if they had nothing in common, did not share this rare gift of singing about life, its joys and sorrows, but above all that even rarer gift of communicating all this to an audience. Attributes that were possessed to the full by Helen Humes who, while she may not have achieved the legendary status of Bessie or Billie or become a diva like Ella, Mahalia, Dinah, Sarah, Aretha or Tina, was one of the greatest singers in the annals of jazz and blues.

 

Born on 23 June 1913 in Louisville, Kentucky, Helen Humes was the only child of a fairly well-off couple, her father was a lawyer and her mother a teacher. When she was around five years old she began to pick out tunes on the piano, then sang in the North Street Baptist Church youth choir before taking up music seriously (singing, piano, clarinet and trumpet) at the age of 11. She went on to play piano with the Booker T. Washington Community Center Sunday School Band, appearing at local dances and parties, alongside two musicians who were later to make a great career for themselves: trombonist Dickie Wells and trumpeter Jonah Jones.

It was around this time that she was noticed by blues and ragtime guitarist Sylvester Weaver, from Louisiana, who had cut his first records in 1923 and managed to fix up a studio session for her with OKeh in St. Louis in April 1927. She was accompanied by the excellent guitarist Lonnie Johnson who was living in town at the time. Following this first session she was invited to New York where she cut eight titles, some with pianist J.C. Johnson (1), the others with the Sylvester Weaver/Walter Beasley duo on which the former played slide. Helen was still only 14, yet, in addition to the youthful freshness that remained her hallmark, she already possessed remarkable vocal maturity. While If Papa Has Outside Lovin’ is a typical vaudeville blues, the elegant, straightforward style of the sides made with the two guitarists is strikingly modern.

This promising career was cut short by Mama Humes who refused to let her daughter go on tour. So, for several years, Helen continued her studies in Louisville, worked with her father in real-estate, then in a bank and a restaurant—but still singing for her own pleasure.

But a vocation cannot be ignored and, in 1936, Helen Humes joined saxophonist Al Sears’ band, appearing in Buffalo clubs and hotels. She then moved to Doc Wheeler’s Sunset Royal Band in Cincinnati, where she met Count Basie for the first time, before going on to New York and Vernon Andrade’s Orchestra. In 1937, while still a member of Al Sears’ Band, she recorded with trumpeter Harry James, appeared in an amateur show at the Harlem Apollo and finally replaced Billie Holiday in Count Basie’s orchestra that was, at the time, delighting audiences at New York’s Famous Door—clear proof of the high opinion Basie had of her. In June 1938 she recorded a beautifully classic Blues With Helen with a Basie quintet—including Lester Young on clarinet—and yet, throughout the four years she spent with the band, Helen Humes only sang (and recorded) ballads, pop songs and jazz themes, blues and boogies being reserved for Jimmy Rushing. There were just two exceptions: Sub-Deb Blues, a piece “à la Rushing”, and My Wondering Man”.

Both during and after her stint with Basie, Helen Humes had a solo spot at the Café Society Downtown often accompanied by pianist Teddy Wilson (1941-43) and at the Famous Door (1942). That same year she recorded a few sides with a small band assembled by saxophonist Pete Brown—Gonna Buy Me A Telephone presages her future Rhythm & Blues style—, appeared in New York at the Three Deuces, at the Village Vanguard with pianist Eddie Heywood, at Minton’s with saxophonist Don Byas and went on tour in the Midwest with the Ernie Fields Band. In 1943/44, she toured with the Clarence Love Orchestra before becoming the first female vocalist to be hired by Norman Granz in the Jazz At The Philharmonic group for a Carnegie Hall concert. She appeared regularly throughout the country with the JATP, right up until the early 50s.

From 1944 onwards, Helen Humes finally began to make records under her own name. While she was in residency at Small’s Paradise in New York, she recorded with a motley group led by Leonard Feather, that included not only Herbie Fields (alto sax, clarinet) and Prince Robinson—just listen to his incredible free tenor solo on Suspicious Blues—but also Chuck Wayne (guitar), and Oscar Pettiford (bass). In 1945, the singer visited the West Coast for a series of concerts, club appearances (the Street of Paris in Hollywood) and radio/TV shows. She recorded her famous Be-Baba-Leba with Bill Doggett, a theme that symbolised the nascent Rhythm & Blues, which she probably “borrowed” from saxophonist Jim Wynn (Ee-Bobaliba) who, in turn had picked up from Lionel Hampton (Hey-Ba-Ba-Re-Bop)! At the same time Helen also took part in several radio recordings with Benny Carter, Andy Kirk, Roy Eldridge, Lester Young, Coleman, Jimmy Mundy…and continued to cut records featuring musicians whose characters and approach differed considerably—on the same session, compare the tenor solos of Lester Young (Pleasing Man Blues) and Maxwell Davis (It’s Better To Give Than To Receive)—as well as the “All Stars” who often got together under the leadership of Buck Clayton.

Helen Humes was now at the height of her popularity. In 1946, we find her in Boston and Brooklyn with the JATP, part of the “New Revue of Stars” showing at Small’s Paradise, then making several short films with Dizzy Gillespie’s big band (1947). In 1950 she had her greatest hit with Million Dollar Secret recorded in public during a memorable “Blues Jubilee Concert” at Los Angeles Shrine Auditorium with the Roy Milton Band.

Then, following the example of her fellow-artist Dinah Washington, whose career was in many ways parallel to her own, began to move over to the “jazz” circuit, although still retaining a leaning towards R&B: records with Marshall Royal and Dexter Gordon (1950), film appearances with Count Basie (1950-51), JATP tours in the States and Hawaii (1951-52), recordings with pianist Gerald Wiggins (1952) with whom she worked regularly, billed with Count Basie in the “Harlem Variety Revue” at the Apollo Theater (1954), etc.: her eclectic repertory appealed to a wide variety of audiences.

From 1956 onwards, Humes sang for several years with vibraphonist Red Norvo (Hollywood, Australia…), was invited to the Newport Festival in 1959 and made three jazz-oriented albums for Contemporary, alongside musicians as diverse as Benny Carter, Ben Webster, Art Pepper, Teddy Edwards (saxes), Wynton Kelly, André Previn (piano), Barney Kessel (guitar) and Shelly Manne (drums) on arrangements by Marty Paich who declared: “I certainly consider Helen one of the great jazz singers of all time.” Helen Humes was indeed at her peak and her career reached new heights. Appearances at the Monterey Jazz Festival in 1960 and 1962 were followed by a trip to Europe with the first American Folk Blues Festival where, accompanied by Memphis Slim and T-Bone Walker, she returned to her more traditional West Coast repertory. She was doing a regular spot at Shelly Manne’s Hole when, in 1967, she went back to her home town to look after her sick mother. It seemed that her career was over.

And yet, in 1973, she was back on stage. Even at 60 her vitality, youthfulness and voice remained intact. A voice that would continue to be heard for another eight years of international recognition throughout the world: Newport Jazz Festival in 1973, 74 and 75 (back with Count Basie), tours and recording sessions in France for Black & Blue in 1973 with Arnett Cobb, Jay McShann and Milt Buckner and, in 1974, with her old pianist Gerald Wiggins, Ed Thigpen and Gérard Badini, festivals at Baden-Baden (1973), Montreux (1974 with Earl Hines and Buddy Tate), Nice (1975 and 78), Monterey (1975-76)…culminating in two albums for Muse in 1979/80.

The voice was finally silenced on 9 September 1981 in Santa Monica, California, when Helen left us, no doubt to rejoin that Paradise of blues and jazz singers that she had so brilliantly represented.

 

 

Helen Humes’ energy and drive, backed by perfect timing and a rare sense of pitch, were at the root of her dynamic interpretations. Everything she sang swung. Always at ease, whether on a slow or up-tempo number or warmly caressing a balled, she was constantly in control of her material. In spite of her reputation and fame, she never achieved the status of a star so, unlike Dinah Washington, she kept herself aloof from the demands of show business. Which is why her work contains so little dross. She was versatile and flexible, interpreting everything from the heart. One of a long line of female vocalists going back to Ethel Waters, a contemporary of Billie Holiday, a precursor of all those dynamic post-war singers—and of Dinah Washington before, being in turn, attracted by her—Helen Humes occupies a major place in the history of Afro-American vocal music.

As this CD is part of our Blues Collection, we have chosen to include mainly the blues that she interprets so movingly. Not the harsh, stark blues from the ghetto, they formed no part of her own life, but those which reach out to all of us. Surely the blues can also express happiness or, at least, the search for it?

 

Adapted from the French by Joyce Waterhouse

 

(1) And not James P. Johnson as was believed for a long time.

 

With grateful thanks to Jacques Morgantini and Jean-Pierre Tahmazian for their help in preparing this CD.

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