LE CANARD SAUVAGE

LE CANARD SAUVAGE

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1DVD - VIDÉO - 2 H / LE CANARD SAUVAGE / PIÈCE DE HENRIK IBSEN / MISE EN SCÈNE STEPHANE BRAUNSCHWEIG / LA CRITIQUE UNANIME

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LE CANARD SAUVAGE 

Pièce de :  Henrik Ibsen

Traduction du norvégien Éloi Recoing
Adaptation, mise en scène et scénographie de Stéphane Braunschweig

Avec Suzanne : Aubert Hedvig Christophe Brault Relling Rodolphe Congé Hjalmar Claude Duparfait Gregers Luce Mouchel Madame Sørby Charlie Nelson Ekdal Thierry Paret Molvik et Pettersen Chloé Réjon Gina
et la participation de Jean-Marie Winling Werle

Collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou

Collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel

Costumes : Thibault Vancraenenbroeck

Lumières : Marion Hewlett

Son : Xavier Jacquot

Assistante à la mise en scène : Pauline Ringeade

Assistante costumes : Isabelle Flosi

Maquillage et coiffures : Karine Guillem

Stagiaire : David Belaga

Production La Colline – théâtre national

La traduction d’Éloi Recoing a paru aux Éditions Actes Sud-Papiers. Le spectacle a été créé le 10 janvier 2014 à La Colline.

Musiques Valse en La mineur, Opus Posthume, Frédéric Chopin interprété par Luce Mouchel

Sophisticated Lady, Duke Ellington, extrait de l’album Sophisticated Ladies du Charlie Haden Quartet West, 2010

Conception décor : Hervé Cherblanc
Le décor a été réalisé par les ateliers de La Colline. Didier Kuhn, Mikael Franki, Grégoire de Lorgeril, Martin Cayla, Magalie Beneteau, Isabelle Vincent, Fabien Bertho, Anne-Gaëlle Rouget, Romain Giraud

Régie : Olivier Even
Régie lumière : Gilles Thomain, Nathalie De Rosa

Régie son : Sylvère Caton
Régie vidéo : Ludovic Rivalan

Machinistes : Thierry Bastier, Franck Bozzolo, Thomas Jourden, David Nahmany Électricien : Olivier Mage
Accessoiriste Isabelle : Imbert
Habilleuse : Isabelle Flosi

durée : 2h30

Remerciements au Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence

Le Canard sauvage ou la précarité de la vie

Sauvage domestiqué

Déjà avant La Mouette de Tchekhov, Ibsen avait fait d’un oiseau d’eau le symbole central et paradoxal d’une de ses pièces.
On raconte que, lorsqu’ils sont blessés, les canards sauvages préfèrent plonger à pic vers le fond et s’accrocher aux algues avec leur bec plutôt que de tenter de survivre. Mais le canard sauvage qui habite le grenier de la famille Ekdal a
bel et bien survécu: rescapé d’une chasse, son existence semble contredire le comportement “suicidaire” que la légende attache à son espèce. Exporté de son biotope naturel, boiteux, il est plutôt celui qui, en bon cobaye darwinien, a réussi à “s’adapter” à un biotope artificiel.

Dans cette pièce où Ibsen, une fois de plus, organise le choc des idéaux et de la vie réelle – cette vie faite d’adaptation et de compromis –, le canard dans son grenier, sauvage domestiqué, n’est pas seulement l’image tragique de la créature blessée qui se noie. Son existence tend à tous le miroir

d’une vie coupée de ses racines naturelles, privée de son élan véritable, de sa plénitude, mais qui “continue” dans son artificialité même.

La vengeance de la forêt

Ekdal: [...] La forêt se porte bien là-haut?
Gregers: Elle n’est pas aussi splendide que de votre temps. On a beaucoup abattu.
Ekdal: Abattu? C’est dangereux, ça. Ça vous poursuit. Elle se venge,
la forêt.

Le domaine de Høydal où se noue le drame est un vaste domaine forestier, comme il y en a tant dans les pays du Nord: un domaine où l’on fait fortune en décimant la forêt. Dans ces jardins d’Éden qu’étaient les forêts primaires, et qui aujourd’hui

ont pratiquement disparu de la surface du globe, les capitalistes du bois ont commis une sorte de péché originel: ils n’ont pas seulement croqué la pomme, ils ont carrément coupé l’arbre. C’est pourquoi une culpabilité originaire fonde leur société.

Certes, c’est une escroquerie plus triviale qui est à l’origine de la chute de la maison Ekdal: le lieutenant Ekdal a vendu du bois qui appartenait à l’État, et pour cela il a été condamné au bagne, se déshonorant ainsi que sa famille. On ne saura jamais s’il a commis ce crime sciemment ou s’il a lui-même été la dupe de son ami et associé, le négociant Werle. Mais ce qu’on sait, c’est qu’il en a perdu la raison au point de craindre la “vengeance de la forêt”. Comme si le grand chasseur qu’il était (le chasseur, figure de l’homme qui respecte la nature et que la nature respecte en retour) s’était fourvoyé déjà, avant même l’affaire d’escroquerie, en abattant des arbres pour l’industrie et le commerce.

De son côté, Gregers, le fils de Werle, qui pense que son père est le seul véritable coupable de l’escroquerie, mais qui n’a jamais osé l’accuser ouvertement, a continué à gérer le domaine et à abattre les arbres. Complice de son père par incapacité à s’opposer à lui, sa conscience le tourmente: pour la soulager, Gregers s’est forgé un idéal de vérité et de transparence, avec lequel il espère rendre le monde meilleur. La pièce débute lorsqu’il aperçoit enfin la possibilité de racheter les fautes de son père et d’en finir ainsi avec sa propre culpabilité.

Réparations ?

La destruction de la forêt, on le voit, appelle réparation. Réparation dérisoire que ce grenier des Ekdal, où l’on a reconstitué artificiellement un coin de nature avec des sapins, des poules, des lapins et un canard. Espace de compensation et d’évasion, mais aussi double-fond fantastique et menaçant, le grenier tient à la fois du terrain de jeu enfantin et du

refuge des inadaptés. C’est dans cette forêt irréelle que le vieil Ekdal peut redevenir chasseur, que son fils Hjalmar fuit ses responsabilités et sa honte, et que sa petite-fille Hedvig posera à son tour un acte “irréparable”...

Ou réparation illusoire: le rêve de Gregers de soumettre la vie corrompue au règne des idéaux. Or la vie ne se soumet pas, pas plus d’ailleurs aux idéaux d’un Gregers qu’aux “mensonges vitaux” en forme de pis-aller d’un docteur Relling: les “retouches” (pour reprendre la métaphore photographique d’Ibsen) qui tentent de masquer la médiocrité ou les imperfections de la vie finissent toujours par se voir, elles “arrangent” la réalité mais ne la transforment pas.

La vie est insoumise, parce que la vie est fragile – comme le pressent peut-être la mère d’Hedvig, Gina, qui semble trouver sa force et sa vitalité dans une absence totale de problèmes de conscience. Elle est tissée de fautes passées qu’on ne saurait réparer et de secrets qui menacent les équilibres instables du présent. Il faut pourtant faire avec et tenter d’avancer. La vie se fiche bien de la forêt détruite.

Le problème, c’est que “la forêt se venge” et que les secrets de famille sont souvent des bombes à retardement pour les générations suivantes. Comme toujours chez Ibsen, le déni est à la fois un moteur de vie et la clé du malheur. Entre déni et lucidité, vérité et mensonge, c’est toute la précarité de nos existences qu’il nous donne à voir et à sentir. Entre besoin d’illusion et exigence de vérité: là où se tient aussi la nécessité du théâtre.

Stéphane Braunschweig décembre 2013

Spectacle filmé en public les 30 et 31 janvier 2014 à La Colline.

Réalisation de la captation et montage : Alexis de Favitski a
Assistant Réalisateur : 
Yann Gadaud 
Cadreurs  :Emmanuelle Alaitru Richard, Devoucoux, Jean Nocerra, Frédéric Sénéchal, Philippe de Zertucha

Vhef opérateur son et mixeur : Arnaud Gosselin

Assistant opérateur son : Daniel Heldman

Directrice de production : Emmanuelle Koenig

Stagiaires de production : Solène Barny,Sébastien Fleury

Une coproduction AGAT Films & Cie production déléguée Marie Balducchi direction administrative et financière Marc Bordure exploitation Aurore Pinon, Julie Rhône

La Colline – théâtre national directeur Stéphane Braunschweig administratrice Patricia Michel directeur de la programmation Didier Juillard responsable des productions Thierry Pilliot directeur technique Daniel Touloumet directeur de la communication Olivier Schnoering attachée de direction Florence Thomas

© AGAT Fims & Cie / La Colline – théâtre national – 2014

Henrik Johan Ibsen, né le 20 mars 1828 à Skien (Norvège) et mort le 23 mai 1906 à Christiania (actuelle OsloNorvège), est un dramaturge norvégien.

Fils de Marichen Ibsen (née Altenburg) et de Knud Ibsen, Henrik Johan Ibsen naît dans un foyer que la faillite des affaires paternelles, à la suite de spéculations malheureuses, en 1836, désunit rapidement. L'ensemble de la famille déménage à Gjerpen, où Henrik Ibsen fait sa confirmation en 1843.

Son père sombre dans l'alcoolisme après que les biens familiaux ont dû être vendus, tandis que sa mère se tourne vers le mysticisme protestant. À cette époque et jusqu'en 1945, l'Église luthérienne est la seule autorisée en Norvège, les catholiques ayant été chassés et leurs biens confisqués depuis 1683. Cette autorité unique et marquée par l'intransigeance morale marque durablement le jeune Ibsen ; plusieurs pièces s'en font l'écho, dont Une maison de poupée.

Il quitte le domicile familial la même année pour s'installer à Grimstad : entre 1844 et 1850, il travaille comme apprenti en pharmacie chez Jens Aarup Reimann, tout en poursuivant ses études pour devenir médecin. Orientation qu'il abandonne ensuite.

Les événements révolutionnaires de 1848 le conduisent, l'année suivante, à écrire sa première pièce, Catilina. Celle-ci est publiée à compte d'auteur, en 1850, en 250 exemplaires, sous le pseudonyme de Brynjolf Bjarme, par les soins d'Ole Carelius Schulerud. Cet ami de Henrik y consacre une somme d'argent héritée, après le refus du manuscrit par le Christiana Theater. La pièce sera jouée pour la première fois en 1881 à Stockhol2.

À l'époque de cette première publication, Henrik Ibsen travaille toujours comme apprenti préparateur en pharmacie, étudie et écrit la nuit, prend des cours privés de latin et participe à la rédaction du journal de l'Association des étudiants et de l'hebdomadaire littéraire et satirique Andhrimner. Le 1er avril 1850, il se rend à Christiana (aujourd'hui Oslo) pour passer son baccalauréat et entrer à l'université.

Cette même année, il couche sur le papier une seconde pièce en un acte, Le Tertre des guerriers, qui est acceptée par le Christiana Theater. Le 26 septembre 1850 est ainsi jouée pour la première fois une pièce de Henrik Ibsen (toujours sous le pseudonyme de Brunjolf Bjarme), devant un public de 557 spectateurs. L'accueil est mitigé. En 1851, il publie Norma et s'intéresse à la politique, notamment au syndicalisme et au mouvement socialiste de Marcus Thrane

La même année, le violoniste Ole Bull, fondateur du Norske Theater de Bergen, lui propose d'en devenir le directeur artistique. Henrik Ibsen accepte ce poste et s'installe à Bergen. Il fait aussi un voyage d'études à Copenhague, puis à Dresde, pour se familiariser avec les techniques du théâtre.

Entre 1852 et 1857, Ibsen collabore au Théâtre national de Bergen, pour lequel il écrit et met en scène. Ses propres représentations n'y connaissent cependant pas un grand succès, jusqu'à la présentation du Banquet de Solhaug, pièce influencée par le folklore populaire norvégien, en 1856. Durant ses six années à Bergen, Ibsen ne se fait guère remarquer. Séparé de sa famille, rejetant la religion dominante, naviguant à la limite de la pauvreté, Ibsen est dépeint par tous ceux qui l'ont connu alors comme solitaire et taciturne. De plus, les pièces qu'il écrit ne rencontrent guère de succès : le style épique n'est pas le sien. Sa quatrième pièce recueille pourtant un certain écho, ce qui lui permet de fréquenter des cercles plus influents. C'est parmi eux qu'Ibsen rencontre Suzannah Thorensen, qui va devenir son épouse en 1858 et l'accompagner jusqu'à la fin de sa vie, en 1906.]

En 1857, il revient dans la capitale norvégienne Christiana afin de reprendre la direction du Théâtre national, le Christiana Theater. Il épouse, l'année suivante, Suzannah Thoresen (1836-1914), avec qui il a un fils, Sigurd, né le 23 décembre 1859. Son fils unique deviendra premier ministre norvégien de 1903 à 1905 au moment de la séparation de la Norvège du royaume de Suède. Sigurd achèvera sa vie en Italie, où il avait en partie grandi.

Très rapidement, la situation se dégrade : Ibsen se soucie peu du théâtre qu'il est censé diriger : il se laisse aller et se met à boire ; on le retrouve parfois, errant dans la ville. Financièrement, sa situation se dégrade ; celle du théâtre également : les recettes fondent, les dettes s'accumulent. Incapable de gérer une telle institution, Ibsen voit peu à peu des oppositions se lever. Il est démis de ses fonctions de directeur, mais gardé au Christiana Theater en tant que conseiller. Il vit essentiellement de commandes de textes en vers. Après avoir demandé une bourse du gouvernement pour un voyage en Europe, il essuie un refus qui laisse peu à peu la place à une profonde déception, renforcée par ses ennemis qui réclament sa démission complète.

En 1862, le Christiana Theater doit fermer ses portes. Ibsen, libéré de ses obligations de directeur, entreprend un voyage dans le Gudbrandsdal et dans l'ouest de la Norvège afin de récolter des éléments de légendes populaires nordiques. Ces matériaux lui permettent d'écrire une pièce qui revêt la forme d'une apologie de la nation : Les Prétendants de la couronne (1863). Le succès de cette pièce lui permet d'obtenir une bourse, complétée par son ami Bjørnstjerne Bjørnson : il quitte la Norvège pour l'Italie ; il ne reviendra dans son pays qu'en 1891.

Ibsen part pour Rome où il s'installe, après des séjours à Copenhague, pendant quatre ans. C'est là qu'il écrit, dès 1865, un drame en vers très acerbe contre les notables : Brand (« Incendie »). Rompant avec le lyrisme national à la gloire de la Norvège, ce texte apparaît comme un premier pas vers le réalisme social. La pièce connaît un fort succès et suscite un grand intérêt. Le Storting, le Parlement norvégien, décide de lui accorder une bourse d'écrivain annuelle, une pension à vie. Il fait publier l'année suivante Peer Gynt qui est particulièrement acclamé en Norvège et qui inspirera le compositeur Edvard Grieg.

En 1868, Ibsen quitte Rome pour Dresde, où il s'installe pendant près de sept ans ; il écrit Empereur et Galiléen en 1873, pièce qui passe plutôt inaperçue à sa publication.

En 1874, Ibsen part pour Munich, où il vit jusqu'en 1878. C'est dans cette ville qu'il écrit en 1877 Les Piliers de la société, pièce qui constitue un véritable tournant dans l'œuvre du dramaturge, avec l'ouverture d'un cycle centré sur la critique sociale, marqué par le réalisme des descriptions et l'usage de la prose. « Le drame ibsénien, c'est un peu la tragédie grecque qui se démocratise et qui frappe la famille bourgeoise », écrit le philosophe belge Michel Meyer.

De retour à Rome - pour sept ans - en 1878, Henrik Ibsen poursuit dans la même veine, avec la publication du drame social Une maison de poupée, publié en 1879. La pièce, en raison de sa chute novatrice et scandaleuse, obtient un succès international. Sa renommée est telle que ses pièces sont progressivement montées dans toutes les capitales d'Europe. Deux ans plus tard, sa pièce Les Revenants est l'objet d'une critique sévère qui augmente encore son aura ; il y aborde des thèmes houleux, tels que les maladies vénériennes, l'inceste et l'euthanasie.

Entre 1882 et 1890, il publie cinq pièces qui l'installent définitivement parmi les plus grands dramaturges de son temps : Un ennemi du peuple (1882), satire des idéaux petit-bourgeois, Le Canard sauvage (1884), illustrant son relativisme croissant, Rosmersholm (1886), La Dame de la mer (1888), dans laquelle le folklore populaire est mis au service d'une analyse psychologique des personnages, et Hedda Gabler (1890). Ces trois dernières pièces sont écrites à Munich, où Ibsen séjourne entre 1885 et 1891.

En 1890, ses œuvres sont traduites pour la première fois en anglais par William Archer.Il rentre en Norvège en 1891, après vingt-sept ans d'absence, en auteur internationalement connu. Installé à Christiana, où il demeure jusqu'à la fin de sa vie, il continue d'écrire des pièces, qui connaissent le même succès : Solness le constructeur (1892), Le Petit Eyolf (1893), John Gabriel Borkman (1896) et Quand nous nous réveillerons d'entre les morts (1899). Cette dernière pièce est considérée comme le testament littéraire d'Ibsen, en raison de la longue réflexion du héros principal sur son œuvre.

Son 70e anniversaire, en 1898, est l'occasion de festivités nationales à ChristianaCopenhague et Stockholm notamment. Cet anniversaire est l'objet de célébrations un peu partout en Europe. Ses œuvres complètes sont éditées et des représentations de ses pièces sont jouées dans tous les plus grands théâtres.

En 1900, il est victime d'une attaque cérébrale, qui le laisse dans l'incapacité d'écrire jusqu'à son décès le 23 mai 1906. Un télégramme reçu par le Berliner Lokal-Anzeiger (de), en novembre 1905, et traduit par Le Temps, relate que, selon son médecin, l'écrivain, bien que s'étant « de plus en plus affaibli au cours des six derniers mois » et n'ayant reçu aucun étranger depuis un an, se lève cependant plusieurs heures par jour, passées dans sa bibliothèque, et « s'entretient avec ses proches des événements de la vie quotidienne », parmi lesquels, à ce moment-là, « le temps qu'il ferait pour l'arrivée du roi à Christiania », ses seuls interlocuteurs, depuis un an, n'étant que sa femme, son fils, son médecin et son infirmier.

Ses œuvres les plus connues sont Une maison de poupéeLe Canard sauvageRosmersholmHedda Gabler. Certaines plus politiques, comme Les Prétendants à la couronneLes Soutiens de la sociétéLes Revenants et surtout Un ennemi du peuple ont souvent heurté l'opinion progressiste ou de la gauche norvégienne. Cependant, selon Jeanne Pailler, Henrik Ibsen est un « auteur de drames historiques et de pièces intimistes, considéré comme un réformiste acharné par les uns, comme un conservateur par les autres ». Hostile aux partis cléricaux et au traditionalisme de la monarchie norvégienne de son temps, il est souvent vu comme un libéral en Norvège. Bien que traduite par le titre Le Canard sauvage, le volatile dont il est question dans la pièce est en réalité une cane ; les déterminants du nom dans la langue d'origine le confirment.

« L'État est la malédiction de l'individu. Il faut que l'État disparaisse. Voilà la révolution que je veux faire. Que l'on ruine le concept d'État, que l'on fasse du libre vouloir et des affinités le lien unique de toute association, et ce sera là le germe d'une liberté qui aura quelque portée. Modifier la forme du gouvernement n'est pas autre chose que de farfouiller parmi les rossignols d'une arrière-boutique. »

« Ce que vous appelez liberté, je le nomme des libertés, et ce que j’appelle la lutte pour la liberté n’est pourtant rien d’autre que l’acquisition répétée et vivante de l’idée de la liberté. Celui qui possède la liberté autrement que comme l’objet à rechercher, la possède morte et sans esprit, car la notion de liberté a ceci de particulier qu’elle s’étend toujours pendant l’acquisition, et si donc quelqu’un s’arrête au milieu de la lutte, disant : je l’ai maintenant, il montre justement par là qu’il l’a perdue. » (Lettre au critique danois Georg Brandes, février 1871)

« On a dit que moi aussi, à partir de ma position avancée, j’ai contribué à l’avènement d’une ère nouvelle. Je crois plutôt que l’époque à laquelle nous vivons maintenant pourrait tout autant être considérée comme une conclusion et que quelque chose de nouveau est en gestation.

En effet, je crois que la théorie de l’évolution enseignée par les sciences naturelles est valable aussi pour les facteurs spirituels de la vie.

Je crois que très bientôt viendra un temps où la notion politique et la notion sociale cesseront d’exister sous leurs formes actuelles, et qu’elles engendreront ensemble une notion unique qui réunira provisoirement en elle les conditions du bonheur de l’humanité.

Je crois que la poésie, la philosophie et la religion se fondront pour former une nouvelle catégorie et une nouvelle force vitale dont nous, qui vivons maintenant, ne pouvons pas avoir une représentation très claire.

On a dit, à diverses occasions, que j’étais pessimiste. Et je le suis, certes, dans la mesure où je ne crois pas à l’éternité des idéaux humains. Mais je suis aussi optimiste dans la mesure où je crois pleinement et fermement à la capacité de reproduction des idéaux et à leur faculté d’évolution.

Je crois plus précisément qu’en sombrant, les idéaux de notre époque tendent vers ce à quoi j’ai fait allusion dans mon drame Empereur et galiléen, en parlant du troisième règne. Permettez-moi donc de trinquer à l’avenir, aux temps futurs. » (24 septembre 1887)
Wikipedia

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