THE COTTON PICKERS
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R609
8,00 €
TTC
1 CD / THE COTTON PICKERS 1922-1925 With Phil NAPOLEON, Red NICHOLS, Miffe MOLE, Frank TRUMBAUER and others... A JAZZ ARCHIVES SELECTION

 
THE COTTON PICKERS 1922-1925

With Phil NAPOLEON, Red NICHOLS, Miffe MOLE, Frank TRUMBAUER and others... 


1 Hot lips
2 State streets blues
3 He may be your man...
4 Geart white way blues
5 Runnin' wild
6 Loose feet
7 Way down wonder in NewOrleans
8 Snakes hips
9 When will the sun...
10 Down by the river
11 Duck' quack
12 My sweetie went away
13 Mama goes where papa goes
14 Walk Jenny walk
15 Just hot
16 Shufflin' mose
17 Price of wails
18 Jimtown blues
19 Mishawaka blues
20 Jacksonville gal
21 Those panama mamas
22 Down and out blues
23 If you hadn't gone away

THE COTTON PICKERS

 

D'abord, il faut évidemment éviter toute confusion entre "Les Cotton Pickers" dont il va être ici question et cette formation légendaire connue sous le nom des "McKinney's Cotton Pickers" qui, de la seconde moitié des année 20 à la fin des années 30, fit les beaux soirs des grands dancings de l'Est, de Detroit, de Chicago, de New York, et grava sous la direction musicale de Don Redman puis de Benny Carter toute une flopée de disques chez Victor et Okeh. Certaines de ces faces ont d'ailleurs été rééditées dans les volumes 26 et 67 (EPM/Jazz Archives 157432 et 157982). Ces ramasseurs de coton-là, réunis sous la houlette du Sieur William McKinney, étaient des Noirs. Ceux que l'on entendra ici sont des Blancs. Pas n'importe quels Blancs, puisque de l'été 1922 à celui de 1929, l'importante maison Brunswick mit sur le marché près de vingt-cinq galettes portant ce nom fort évocateur du Sud profond et mettront en lice la fine-fleur du jazz blanc new yorkais d'alors : Phil Napoleon, Roy Johnson, Red Nichols, Miff Mole, Jimmy Lytell, Tommy et Jimmy Dorsey, Glen Miller…

On a souvent, de manière un peu abusive, affirmé que ces groupes de studios réunis exclusivement pour le disque  sous ce nom des "Cotton Pickers", n'étaient en some qu'une version agrandie, plus étoffée, d'un quintette alors particulièrment célèbre dans le monde du disque, l'"Original Memphis Five". Il est vrai que ceux à qui l'on fit le plus souvent appel en 1922-23 étaient effectivement les membres de ce groupe dominé par le trompettiste Phil Napoleon et le tromboniste Miff Mole (parfois remplacé par Charles Panelli), auxquels on avait parfois adjoint un saxophoniste, un banjoïste et un bassiste… Toutefois, à propos des Cotton Pickers, les choses se révèlent un tant soit peu plus complexes. Il arriva en effet que les responsable du département dance music de chez Brunswick confient à l'un des chef d'orchestres en vogue de la maison le soin de graver quelques faces hot en formations plus restreintes, en mêlant harmonieusement certains membres de leurs groupes réguliers et quelques extra choisis. C'est en tout cas ce qu'affirme, probablement avec raison, l'historien britannique Mark Berresford, qui note que pour la toute première session par exemple, en juillet 1922, si Napoleon et Mole sont bien présents ainsi peut-être que Signorelli, leurs partenaires ne sont point les autres habitués des Memphis Five, mais plutôt des gens jouant dans l'orchestre du saxophoniste passablement excentrique Bennie Krueger, à commencer par Krueger lui-même, pour une fois à la clarinette. Ce Krueger, qui avait tenu la partie de saxo-alto dans l'"Original Dixieland Jazz Band" sur ses vieux jours (voir EPM/Jazz Archives 157282 et 158492), quintette mythique qui mit à la mode le jass en 1917 et dans lequel Napoleon et Signorelli firent de brefs séjours, ce Krueger donc avait monté sa propre formation en 1921 et était rapidement devenu l'une des meilleures ventes de Brunswick, pour qui il enregistra en exclusivité de décembre 1921 à février 1927. Lui et sa bande étaient loin de ne jouer que du jazz pur et dur, à en juger par les nombreux disques aujourd'hui fort oubliés qu'il commirent, mais ils devaient quand même bien l'aimer, le jazz. Hot Lips et State Street Blues en témoignent…

Une deuxième période allant de la fin 1922 à celle de 1923 fût, pour les Cotton Pickers, celle des Memphis Five "augmentés" proprement dite. C'est là qu'il convient plus que jamais de renvoyer au texte du livret mentionné plus haut. Il ne faut toutefois pas croire que le quintette original transformé en sextette ou en septette se contentait de redonner des versions à peine modifiées des mêmes thèmes déjà enregistrés ailleurs dans leur version première. Outre un répertoire souvent assez différent, on note que lorsque certains "tubes" du moment leur furent demandés, les musiciens mirent leur point d'honneur à les interpréter suivant de nouveaux arrangements, en général plus brillants, mieux travaillés, ainsi qu'on pourra le constater en comparant les versions "Memphis Five" et "Cotton Pickers" de Snakes Hips et Great White Way Blues. L'un des points forts de ce groupe était qu'il pouvait tout aussi bien jouer des compositions originales (Great White Way Blues, Shufflin's Mose…), conférer une vigueur certaine aux chansonnettes à la mode et donner des versions plus policées, moins agressives, que celles des orchestres de couleur, de thèmes alors particulièrement prisés dus à des compositeurs noirs (He May Be Your Man…, Runnin' Wild, Loose Feet, Snakes Hips, Way Down Yonder In New Orleans, Down By The River, Walk, Jenny, Walk…). Depuis la parution, à partir de 1920, des premiers enregistrements de blues réalisés à New York par quelques chanteuses noires à la voix sophistiquée, une partie importante du public blanc s'était entichée de ces airs et en réclamais des versions instrumentales à la fois hot et bien élevées! Les Memphis Five (et les Cotton Pickers modèle 1922-23) s'étaient faits une spécialité de la chose… Lorsque l'engouement pour le genre commença à se tasser, Brunswick arrêtât provisoirement la série des Cotton Pickers, tandis que, chez les concurrents, les Memphis Five poursuivirent leur petit bonhomme de chemin…

A la fin de 1924, Ray Miller, un autre chef d'orchestre ayant déjà enregistré de nombreux disques depuis 1920 pour différentes marques (dont Columbia), se révéla à son tour bon vendeur chez Brunswick qui l'avait signé en exclusivité l'année précédente. Ce succès récent lui avait permis d'embaucher quelques jeunes gens parmi les meilleurs de l'heure, le pianiste Rube Bloom, les trompettistes Charles Rocco et Ray Johnson, les clarinettistes/saxophonistes Larry Abbott et Andy Sanella et, surtout, Miff Mole ainsi que Franckie Trumbauer, spécialiste du saxophone en ut, qui n'avait pas encore fait la connaissance de Bix Beiderbecke. Une équipe qui fit des années durant les belles nuits de l'Arcadia Balroom de New York et qui participa activement à la renaissance des Cotton Pickers. A l'orée de l'ère du charleston et du black-bottom, ces danses nouvelles endiablées qui symbolisèrent sans doute le mieux les années prétendus folles, les Cotton Pickers façon Ray Miller ne déméritèrent point, qui donnèrent un répertoire davantage emprunté aux compositeurs de Chicago qu'à ceux de New-York des versions soignées, épurées, dominées par un évident souci de recherche dans les domaines de l'harmonie et du rythme. La faute en incombe sûrement en bonne partie à Mole qui sut, avant Jimmy Harrison et Jack Teagarden, sortir le trombone de son rôle d'instrument pittoresque et poseur de basses pour en faire un véritable soliste, et à Trumbauer, lancé à la découverte d'un jazz décontracté — cool serait-on déjà tenté d'écrire — qu'il réalisera au cours des années suivantes en compagnie de son frère Bix. A tel point qu'une douzaine d'ans plus tard, un jeune Young prénommé Lester ira partout clamant que "Tram" fut son seul et unique modèle. Quand à "Miff", pauvre taupe oubliée, les gens de chez Brunswick éprouvèrent en 1925 le besoin de signaler sur les étiquette de leurs disques qu'il était l'auteur des passages de trombone pratique des plus inhabituelles à cette époque… Ces six faces de la fin de 1924 et du début 1925 (plages 17 à 22) sont réservées en priorité aux gourmets, à ceux qui aiment vraiment le jazz et se plaisent à voir plus loin que le bout de leur swing…

Miff Mole, qui connaissait tout le monde, était aussi très copain avec Red Nichols, l'une des autres figures majeures, n'en déplaise aux sourds, du jazz new yorkais des années 20. Red et Miff furent souvent associés au sein d'orchestres réguliers ou dans les douillets studios du phonographe. Un recueil dévolu aux Red Heads entre 1925 et 1927 (EPM/Jazz Archives 159042) en témoigne. Par la suite, Red appela Miff à son secours pour ses "Five Pennies" chez Brunswick et, de son côté, Miff requit l'aine de Red pour ses séances Okeh à la tête de ses "Molers"… Ici, nous n'aurons dans le cadre des Cotton Pickers que le If You Hadn't Gone Away du 19 avril 1925. Il est vrai que Nichols ne fut, chez les Memphis Five et les Cotton Pickers, qu'un intérimaire des plus occasionnels… Il n'empêche : non seulement l'enregistrement est devenu électrique (cette dernière face est la seule du recueil à avoir été réalisée suivant le nouvelle technique), mais son passage indique clairement que les Cotton Pickers sont entrés dans une nouvelle phase de leur existence.

 

D.N.

 

First of all, let’s make it clear that the Cotton Pickers we are talking about here are not the legendary McKinney’s Cotton Pickers who, from the late 20s to the end of the 30s, recorded a load of sides with Don Redman and Benny Carter for Victor and OKeh and played in all the well-known clubs around Detroit, Chicago and New York. Some of these tracks have already been reissued on Vols. 26 and 67 of EPM/Jazz Archives 157432 and 157982. The Cotton Pickers led by William McKinney were black, while those on this CD were white. And not just any white musicians for, between 1922 and 1929, the well-known Brunswick label issued around twenty-five records under this evocative southern name featuring the best New York white jazzmen of the time: Phil Napoleon, Roy Johnson, “Red” Nichols, Miff Mole, Jimmy Lytell, Tommy and Jimmy Dorsey, Glenn Miller…

It has often been suggested, somewhat derogatorily, that these studio bands, known collectively on record as the Cotton Pickers, were merely a bigger version of the Original Memphis Five quintet, whose records were well-known. It is true that the musicians most frequently called upon in 1922-23 were, in fact, members of this group led by Phil Napoleon and trombonist Miff Mole (sometimes replaced by Charles Panelli), with the occasional addition of a saxophonist, a banjo player and a bass player. Details of all these comings and goings and of the various pseudonyms used by the group as they moved from one label to another can be found in the booklet accompanying the Original Memphis Five, EPM/Jazz Archives 159542. However, with regard to the Cotton Pickers, things are a little more complicated. According to British jazz historian Mark Berresford, those in charge of Brunswick’s dance music department invited one of their most popular band leaders to cut several hot sides with smaller formations comprising certain members of their regular groups plus some specially chosen extras. Berresford notes that on the entire first session, for example, in July 1922, while Napoleon and Mole are present, perhaps Signorelli also, their partners are not other regular Memphis Five players but rather members of the orchestra of the somewhat eccentric saxophonist Bennie Krueger, with Krueger himself on clarinet. Krueger, who had earlier played alto sax in the Original Dixieland Jazz Band (see vols. 23 and 82, EPM/Jazz Archives 157282 and 158492), that legendary quintet which made “jass” popular in 1917 and in which Napoleon and Signorelli made brief appearances, formed his own band in 1921 and soon became one of the best-selling musicians on Brunswick’s books, recording exclusively for them from December 1921 to February 1927. Judging by the number of records, often neglected today, that they made, he and his band did not only play pure jazz, but titles such as Hot Lips and State Street Blues show how much he loved jazz.

The Cotton Pickers’ second stage, from late 1922 to 1923, was really that of an “extended” Memphis Five (see notes in above-mentioned booklet). But the original quintet, transformed into a sextet or a septet, did not simply content itself with rehashing old, previously recorded themes. In addition to quite a varied repertoire, when they were asked to play certain popular hits of the time, the musicians made it a point of honour to interpret them in new arrangements, that were often better and more polished. This is evident if one compares the Memphis Five and Cotton Pickers versions of Snake Hips and Great White Way Blues. One of the group’s strong points was its ability to play original compositions (Great White Way Blues, Shufflin’ Mose…), reinvigorate popular songs, providing smoother, less aggressive versions than those of coloured orchestras, themes by black composers that were in particular demand at the time (He May Be Your Man, Runnin’ Wild, Loose Feet, Snakes Hips, Way Down Yonder In New Orleans, Down By The River, Walk, Jenny, Walk…). Since the appearance in 1921 of the first blues records, cut in New York by a handful of black female vocalists with sophisticated voices, a large part of the white public had become infatuated with these tunes and demanded instrumental versions that were both hot and swinging! The Memphis Five (and the Cotton Pickers from 1922-23) specialised in this sort of thing. When enthusiasm began to wane a little, Brunswick temporarily stopped the Cotton Pickers series while the Memphis Five continued on their merry way on competitive labels.

In 1923 bandleader Ray Miller, who had already been making a number of records since 1920 for different labels, signed an exclusive contract with Brunswick and, by the end of 1924, his records were selling so well that he was able to hire some of the best young musicians around e.g. pianist Rube Bloom, trumpeters Charles Rocco and Roy Johnson, clarinettists/saxophonists Larry Abbott and Andy Sanella and, above all, Miff Mole and C-melody trombone specialist Frankie Trumbauer, who had not yet met up with Bix Beiderbecke. A team that, for many a year, delighted patrons of New York’s Arcadia Ballroom and that played an active role in the renaissance of the Cotton Pickers. In the early days of the charleston and black-bottom, tnew dances forever associated with the roaring twenties, Ray Miller’s Cotton Pickers lived up to expectations, their repertoire based on more polished versions of tunes by Chicago composers rather than those from New York, with the emphasis on harmony and rhythm. This was largely due both to Mole who, before Jimmy Harrison and Jack Teagarden, promoted the trombone from its role of back-up bass instrument to that of a veritable soloist, and to Trumbauer who introduced the laid-back type of jazz he would continue to develop over the years alongside Bix Beiderbecke. Some ten or twelve years later, the young Lester Young declared that “Tram” was his one and only model. As for Mole, in 1925 Brunswick decided to mention on their record labels that he was responsible for the trombone parts — something most unusual at the time. These six sides from late 1924 and early 1925 (tracks 17 to 22) will delight those true jazz fans who really appreciate jazz and are able to see further than the end of their swing…

Miff Mole knew practically everybody but was particularly close to Red Nichols, another major figure on the New York jazz scene of the 20s. Red and Miff often played together in regular bands and on studio recordings (see Red Heads, EPM/Jazz Archives 159042). Later, Red called on Miff to sit in on his Five Pennies sides with Brunswick and, in return, appeared with Miff on the OKeh sessions he cut with his Molers. On this CD the only track on which you can hear them together with the Cotton Pickers is If You Hadn’t Gone Away recorded on 19 April 1925, for Nichols appeared only from time to time with the Memphis Five and the Cotton Pickers. But this track is important, not only because it is the only side in this compilation to have been recorded electronically, but also because it is a clear indication that the Cotton Pickers had entered a new phase.

 

Adapted from the French by Joyce Waterhouse


THE COTTON PICKERS

 

D'abord, il faut évidemment éviter toute confusion entre "Les Cotton Pickers" dont il va être ici question et cette formation légendaire connue sous le nom des "McKinney's Cotton Pickers" qui, de la seconde moitié des année 20 à la fin des années 30, fit les beaux soirs des grands dancings de l'Est, de Detroit, de Chicago, de New York, et grava sous la direction musicale de Don Redman puis de Benny Carter toute une flopée de disques chez Victor et Okeh. Certaines de ces faces ont d'ailleurs été rééditées dans les volumes 26 et 67 (EPM/Jazz Archives 157432 et 157982). Ces ramasseurs de coton-là, réunis sous la houlette du Sieur William McKinney, étaient des Noirs. Ceux que l'on entendra ici sont des Blancs. Pas n'importe quels Blancs, puisque de l'été 1922 à celui de 1929, l'importante maison Brunswick mit sur le marché près de vingt-cinq galettes portant ce nom fort évocateur du Sud profond et mettront en lice la fine-fleur du jazz blanc new yorkais d'alors : Phil Napoleon, Roy Johnson, Red Nichols, Miff Mole, Jimmy Lytell, Tommy et Jimmy Dorsey, Glen Miller…

On a souvent, de manière un peu abusive, affirmé que ces groupes de studios réunis exclusivement pour le disque  sous ce nom des "Cotton Pickers", n'étaient en some qu'une version agrandie, plus étoffée, d'un quintette alors particulièrment célèbre dans le monde du disque, l'"Original Memphis Five". Il est vrai que ceux à qui l'on fit le plus souvent appel en 1922-23 étaient effectivement les membres de ce groupe dominé par le trompettiste Phil Napoleon et le tromboniste Miff Mole (parfois remplacé par Charles Panelli), auxquels on avait parfois adjoint un saxophoniste, un banjoïste et un bassiste… Toutefois, à propos des Cotton Pickers, les choses se révèlent un tant soit peu plus complexes. Il arriva en effet que les responsable du département dance music de chez Brunswick confient à l'un des chef d'orchestres en vogue de la maison le soin de graver quelques faces hot en formations plus restreintes, en mêlant harmonieusement certains membres de leurs groupes réguliers et quelques extra choisis. C'est en tout cas ce qu'affirme, probablement avec raison, l'historien britannique Mark Berresford, qui note que pour la toute première session par exemple, en juillet 1922, si Napoleon et Mole sont bien présents ainsi peut-être que Signorelli, leurs partenaires ne sont point les autres habitués des Memphis Five, mais plutôt des gens jouant dans l'orchestre du saxophoniste passablement excentrique Bennie Krueger, à commencer par Krueger lui-même, pour une fois à la clarinette. Ce Krueger, qui avait tenu la partie de saxo-alto dans l'"Original Dixieland Jazz Band" sur ses vieux jours (voir EPM/Jazz Archives 157282 et 158492), quintette mythique qui mit à la mode le jass en 1917 et dans lequel Napoleon et Signorelli firent de brefs séjours, ce Krueger donc avait monté sa propre formation en 1921 et était rapidement devenu l'une des meilleures ventes de Brunswick, pour qui il enregistra en exclusivité de décembre 1921 à février 1927. Lui et sa bande étaient loin de ne jouer que du jazz pur et dur, à en juger par les nombreux disques aujourd'hui fort oubliés qu'il commirent, mais ils devaient quand même bien l'aimer, le jazz. Hot Lips et State Street Blues en témoignent…

Une deuxième période allant de la fin 1922 à celle de 1923 fût, pour les Cotton Pickers, celle des Memphis Five "augmentés" proprement dite. C'est là qu'il convient plus que jamais de renvoyer au texte du livret mentionné plus haut. Il ne faut toutefois pas croire que le quintette original transformé en sextette ou en septette se contentait de redonner des versions à peine modifiées des mêmes thèmes déjà enregistrés ailleurs dans leur version première. Outre un répertoire souvent assez différent, on note que lorsque certains "tubes" du moment leur furent demandés, les musiciens mirent leur point d'honneur à les interpréter suivant de nouveaux arrangements, en général plus brillants, mieux travaillés, ainsi qu'on pourra le constater en comparant les versions "Memphis Five" et "Cotton Pickers" de Snakes Hips et Great White Way Blues. L'un des points forts de ce groupe était qu'il pouvait tout aussi bien jouer des compositions originales (Great White Way Blues, Shufflin's Mose…), conférer une vigueur certaine aux chansonnettes à la mode et donner des versions plus policées, moins agressives, que celles des orchestres de couleur, de thèmes alors particulièrement prisés dus à des compositeurs noirs (He May Be Your Man…, Runnin' Wild, Loose Feet, Snakes Hips, Way Down Yonder In New Orleans, Down By The River, Walk, Jenny, Walk…). Depuis la parution, à partir de 1920, des premiers enregistrements de blues réalisés à New York par quelques chanteuses noires à la voix sophistiquée, une partie importante du public blanc s'était entichée de ces airs et en réclamais des versions instrumentales à la fois hot et bien élevées! Les Memphis Five (et les Cotton Pickers modèle 1922-23) s'étaient faits une spécialité de la chose… Lorsque l'engouement pour le genre commença à se tasser, Brunswick arrêtât provisoirement la série des Cotton Pickers, tandis que, chez les concurrents, les Memphis Five poursuivirent leur petit bonhomme de chemin…

A la fin de 1924, Ray Miller, un autre chef d'orchestre ayant déjà enregistré de nombreux disques depuis 1920 pour différentes marques (dont Columbia), se révéla à son tour bon vendeur chez Brunswick qui l'avait signé en exclusivité l'année précédente. Ce succès récent lui avait permis d'embaucher quelques jeunes gens parmi les meilleurs de l'heure, le pianiste Rube Bloom, les trompettistes Charles Rocco et Ray Johnson, les clarinettistes/saxophonistes Larry Abbott et Andy Sanella et, surtout, Miff Mole ainsi que Franckie Trumbauer, spécialiste du saxophone en ut, qui n'avait pas encore fait la connaissance de Bix Beiderbecke. Une équipe qui fit des années durant les belles nuits de l'Arcadia Balroom de New York et qui participa activement à la renaissance des Cotton Pickers. A l'orée de l'ère du charleston et du black-bottom, ces danses nouvelles endiablées qui symbolisèrent sans doute le mieux les années prétendus folles, les Cotton Pickers façon Ray Miller ne déméritèrent point, qui donnèrent un répertoire davantage emprunté aux compositeurs de Chicago qu'à ceux de New-York des versions soignées, épurées, dominées par un évident souci de recherche dans les domaines de l'harmonie et du rythme. La faute en incombe sûrement en bonne partie à Mole qui sut, avant Jimmy Harrison et Jack Teagarden, sortir le trombone de son rôle d'instrument pittoresque et poseur de basses pour en faire un véritable soliste, et à Trumbauer, lancé à la découverte d'un jazz décontracté — cool serait-on déjà tenté d'écrire — qu'il réalisera au cours des années suivantes en compagnie de son frère Bix. A tel point qu'une douzaine d'ans plus tard, un jeune Young prénommé Lester ira partout clamant que "Tram" fut son seul et unique modèle. Quand à "Miff", pauvre taupe oubliée, les gens de chez Brunswick éprouvèrent en 1925 le besoin de signaler sur les étiquette de leurs disques qu'il était l'auteur des passages de trombone pratique des plus inhabituelles à cette époque… Ces six faces de la fin de 1924 et du début 1925 (plages 17 à 22) sont réservées en priorité aux gourmets, à ceux qui aiment vraiment le jazz et se plaisent à voir plus loin que le bout de leur swing…

Miff Mole, qui connaissait tout le monde, était aussi très copain avec Red Nichols, l'une des autres figures majeures, n'en déplaise aux sourds, du jazz new yorkais des années 20. Red et Miff furent souvent associés au sein d'orchestres réguliers ou dans les douillets studios du phonographe. Un recueil dévolu aux Red Heads entre 1925 et 1927 (EPM/Jazz Archives 159042) en témoigne. Par la suite, Red appela Miff à son secours pour ses "Five Pennies" chez Brunswick et, de son côté, Miff requit l'aine de Red pour ses séances Okeh à la tête de ses "Molers"… Ici, nous n'aurons dans le cadre des Cotton Pickers que le If You Hadn't Gone Away du 19 avril 1925. Il est vrai que Nichols ne fut, chez les Memphis Five et les Cotton Pickers, qu'un intérimaire des plus occasionnels… Il n'empêche : non seulement l'enregistrement est devenu électrique (cette dernière face est la seule du recueil à avoir été réalisée suivant le nouvelle technique), mais son passage indique clairement que les Cotton Pickers sont entrés dans une nouvelle phase de leur existence.

 

D.N.

 

First of all, let’s make it clear that the Cotton Pickers we are talking about here are not the legendary McKinney’s Cotton Pickers who, from the late 20s to the end of the 30s, recorded a load of sides with Don Redman and Benny Carter for Victor and OKeh and played in all the well-known clubs around Detroit, Chicago and New York. Some of these tracks have already been reissued on Vols. 26 and 67 of EPM/Jazz Archives 157432 and 157982. The Cotton Pickers led by William McKinney were black, while those on this CD were white. And not just any white musicians for, between 1922 and 1929, the well-known Brunswick label issued around twenty-five records under this evocative southern name featuring the best New York white jazzmen of the time: Phil Napoleon, Roy Johnson, “Red” Nichols, Miff Mole, Jimmy Lytell, Tommy and Jimmy Dorsey, Glenn Miller…

It has often been suggested, somewhat derogatorily, that these studio bands, known collectively on record as the Cotton Pickers, were merely a bigger version of the Original Memphis Five quintet, whose records were well-known. It is true that the musicians most frequently called upon in 1922-23 were, in fact, members of this group led by Phil Napoleon and trombonist Miff Mole (sometimes replaced by Charles Panelli), with the occasional addition of a saxophonist, a banjo player and a bass player. Details of all these comings and goings and of the various pseudonyms used by the group as they moved from one label to another can be found in the booklet accompanying the Original Memphis Five, EPM/Jazz Archives 159542. However, with regard to the Cotton Pickers, things are a little more complicated. According to British jazz historian Mark Berresford, those in charge of Brunswick’s dance music department invited one of their most popular band leaders to cut several hot sides with smaller formations comprising certain members of their regular groups plus some specially chosen extras. Berresford notes that on the entire first session, for example, in July 1922, while Napoleon and Mole are present, perhaps Signorelli also, their partners are not other regular Memphis Five players but rather members of the orchestra of the somewhat eccentric saxophonist Bennie Krueger, with Krueger himself on clarinet. Krueger, who had earlier played alto sax in the Original Dixieland Jazz Band (see vols. 23 and 82, EPM/Jazz Archives 157282 and 158492), that legendary quintet which made “jass” popular in 1917 and in which Napoleon and Signorelli made brief appearances, formed his own band in 1921 and soon became one of the best-selling musicians on Brunswick’s books, recording exclusively for them from December 1921 to February 1927. Judging by the number of records, often neglected today, that they made, he and his band did not only play pure jazz, but titles such as Hot Lips and State Street Blues show how much he loved jazz.

The Cotton Pickers’ second stage, from late 1922 to 1923, was really that of an “extended” Memphis Five (see notes in above-mentioned booklet). But the original quintet, transformed into a sextet or a septet, did not simply content itself with rehashing old, previously recorded themes. In addition to quite a varied repertoire, when they were asked to play certain popular hits of the time, the musicians made it a point of honour to interpret them in new arrangements, that were often better and more polished. This is evident if one compares the Memphis Five and Cotton Pickers versions of Snake Hips and Great White Way Blues. One of the group’s strong points was its ability to play original compositions (Great White Way Blues, Shufflin’ Mose…), reinvigorate popular songs, providing smoother, less aggressive versions than those of coloured orchestras, themes by black composers that were in particular demand at the time (He May Be Your Man, Runnin’ Wild, Loose Feet, Snakes Hips, Way Down Yonder In New Orleans, Down By The River, Walk, Jenny, Walk…). Since the appearance in 1921 of the first blues records, cut in New York by a handful of black female vocalists with sophisticated voices, a large part of the white public had become infatuated with these tunes and demanded instrumental versions that were both hot and swinging! The Memphis Five (and the Cotton Pickers from 1922-23) specialised in this sort of thing. When enthusiasm began to wane a little, Brunswick temporarily stopped the Cotton Pickers series while the Memphis Five continued on their merry way on competitive labels.

In 1923 bandleader Ray Miller, who had already been making a number of records since 1920 for different labels, signed an exclusive contract with Brunswick and, by the end of 1924, his records were selling so well that he was able to hire some of the best young musicians around e.g. pianist Rube Bloom, trumpeters Charles Rocco and Roy Johnson, clarinettists/saxophonists Larry Abbott and Andy Sanella and, above all, Miff Mole and C-melody trombone specialist Frankie Trumbauer, who had not yet met up with Bix Beiderbecke. A team that, for many a year, delighted patrons of New York’s Arcadia Ballroom and that played an active role in the renaissance of the Cotton Pickers. In the early days of the charleston and black-bottom, tnew dances forever associated with the roaring twenties, Ray Miller’s Cotton Pickers lived up to expectations, their repertoire based on more polished versions of tunes by Chicago composers rather than those from New York, with the emphasis on harmony and rhythm. This was largely due both to Mole who, before Jimmy Harrison and Jack Teagarden, promoted the trombone from its role of back-up bass instrument to that of a veritable soloist, and to Trumbauer who introduced the laid-back type of jazz he would continue to develop over the years alongside Bix Beiderbecke. Some ten or twelve years later, the young Lester Young declared that “Tram” was his one and only model. As for Mole, in 1925 Brunswick decided to mention on their record labels that he was responsible for the trombone parts — something most unusual at the time. These six sides from late 1924 and early 1925 (tracks 17 to 22) will delight those true jazz fans who really appreciate jazz and are able to see further than the end of their swing…

Miff Mole knew practically everybody but was particularly close to Red Nichols, another major figure on the New York jazz scene of the 20s. Red and Miff often played together in regular bands and on studio recordings (see Red Heads, EPM/Jazz Archives 159042). Later, Red called on Miff to sit in on his Five Pennies sides with Brunswick and, in return, appeared with Miff on the OKeh sessions he cut with his Molers. On this CD the only track on which you can hear them together with the Cotton Pickers is If You Hadn’t Gone Away recorded on 19 April 1925, for Nichols appeared only from time to time with the Memphis Five and the Cotton Pickers. But this track is important, not only because it is the only side in this compilation to have been recorded electronically, but also because it is a clear indication that the Cotton Pickers had entered a new phase.

 

Adapted from the French by Joyce Waterhouse

 

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