Dinah WASHINGTON

Dinah WASHINGTON

R401
8,00 €
TTC
1 CD - 22 TITRES / THE QUEEN OF THE BLUES / 1943-1947 / Blues Collection Historical Recording

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Dinah WASHINGSTON


1 Homeward bound
2 Embraceable you
3 I can't get started
4 The man I love
5 You didn't want me then
6 Me and evil blues
7 Stairways to the stars
8 I want to be loved
9 You can depend on me
10 Since I fell for you
11 I'm afraid of you
12 I love you yes I do
13 Don't come knocking at my door
14 No more lonely gal blues
15 Ain't misbehavin'
16 Pete
17 I'm getting old before my time
18 I want to cry
19 Long John blues
20 I'll wait
21 It's funny
22 Why can't you behave

Elle a conduit sa vie sur les chapeaux de roue. Une nuit, elle lui a échappé, brutalement, stupidement. Au petit matin, la Reine était morte. Trente-neuf ans dont vingt gravés sur disques. Dinah Washington n'avait pas eu le temps de regarder en arrière, pas eu le temps de faire le point, pas eu le temps de se relire. Aussi son œuvre est-elle d'une extraordinaire densité, d'une exceptionnelle vitalité, sans la moindre redite, toujours en mouvement. Tout en couleurs vives, ses chants éclatent avec le plus grand naturel et vous emplissent des pieds à la tête ; tour à tour la chanteuse exprime tout l'éventail des sentiments, de la joie à la tristesse, de l'humour à la mélancolie, de la malice à la raillerie, à la manière d'une meneuse de revue qui conduit chaque tableau devant nos yeux médusés. Dinah, The Queen, savait tout chanter et elle chantait merveilleusement.
 
Née le 22 ou le 29 août 1924 à Tuscaloosa (Alabama), Ruth Lee Jones a trois ans lorsqu'elle émigre à Chicago. Toute petite, elle baigne dans les chants sacrés que sa mère lui apprend. Celle-ci, évangéliste missionnaire, emmène sa fille avec elle lorsqu'elle fait la tournée des églises à travers le pays. Ruth pratique de bonne heure le piano et, dès l'âge de onze ans, accompagne les offices de la St. Luke's Baptist Church de Chicago. Elle va même bientôt devenir chef de chœur. La gamine est douée et le montre : en 1939, à quinze ans, elle remporte un concours d'amateurs au Regal, le plus grand théatre noir de Chicago, ce qui lui vaut un premier engagement au Flame Show Bar. Mais elle retrouve en 1940 le circuit du gospel après sa rencontre avec Sallie Martin, l'ancienne associée de Thomas A. Dorsey et pionnière du gospel moderne. Sallie Martin «découvrit une certaine Ruth Jones, une chanteuse à la voix superbe, un diamant brut à extraire de sa gangue, à tailler et à polir, une chanteuse tellement exceptionnelle qu'elle délaissa bien vite le domaine somme toute faiblement rémunérateur des chants religieux pour le monde bien plus rutilant et rentable du show business et du rhythm & blues...» écrit Robert Sacré (1). En attendant, elle devient sa pianiste et joue également avec Willie Mae Ford Smith, une autre grande chanteuse liée à l'entreprise Dorsey. Elle tourne ensuite, comme soliste, au sein des Sallie Martin Singers, dans les états du Sud et du Mid-West.
De retour à la musique profane, cette fois définitivement, elle débute professionnellement dans les cabarets de Chicago. D'abord au Rhumboogie en 1941 puis, en 1942, à la Downbeat Room du Sherman Hotel où elle se produit avec Fats Waller, au Three Deuces et au Garrick Lounge avec The Cats & The Fiddle, un quartette vocal/instrumental très populaire à l'époque, tandis qu'au même moment et au rez-de-chaussée (le Garrick Stage Bar) chante Billie Holiday que Ruth va écouter très attentivement. C'est probablement Joe Sherman, le patron du Garrick, qui lui trouve son nom de scène, Dinah Washington, à moins que ce ne soit l'impresario Joe Glaser qui l'entend et la recommande à Lionel Hampton dont le big band en plein essor pête de tous ses feux. Le vibraphoniste vient écouter cette jeune chanteuse dont on dit monts et merveilles et l'engage. Dinah a dix-huit ans et demi lorsqu'elle débute avec l'orchestre au Regal Theater, lieu de sa première performance publique, en février 1943. Et durant près de trois années, elle va accompagner la pétaradante machine à swing dans tous les dancings et théatres du pays.
Malheureusement, aucune face commerciale en big band ne va souligner son séjour chez Hampton. D'abord nous sommes en pleine grêve des enregistrements, le Petrillo Ban, ensuite parce que les gens de chez Decca, la maison de disques de Lionel, ne sont intéressés que par l'orchestre seul. Un témoignage subsiste : Choo Choo Baby, une transcription Jubilee (émission publique de la radio AFRS) datant de la fin novembre 1943. Un mois plus tard, alors que l'orchestre anime la semaine de Noël à l'Apollo de Harlem, le critique Leonard Feather réussit à organiser une séance pour le petit label Keynote avec quelques-uns des solistes d'Hampton. Le chef est venu sans son vibraphone mais donne accessoirement un coup de main à la batterie et au piano.
Evil Gal Blues et Salty Papa Blues seront parmi les succès les plus appréciés du public noir durant l'année 1944 mais il faudra pourtant attendre un an et demi avant que la chanteuse ne retrouve les studios. En mai 1945, Decca lui accorde généreusement un morceau durant une séance du big band ; trois solistes dont à nouveau le grand ténor Arnett Cobb, la section rythmique et le vibraphone du chef accompagnent la chanteuse. Blow Top Blues, un blues magistral publié sous le nom de Lionel Hampton, fera tranquillement son chemin pour entrer au hit parade... en 1947. Entre temps, Dinah avait quitté Hampton.
En décembre 1945, Dinah Washington est à Los Angeles où les studios lui sont offerts durant plusieurs jours par la marque Apollo. La chanteuse est alors accompagnée par un all stars dirigé par Lucky Thompson. Ce jeune saxophoniste prometteur transfuge de l'orchestre de Count Basie a réuni quelques jeunes loups comme Charles Mingus (qui sera le contrebassiste de Lionel Hampton en 1947 !) et Milt Jackson, lesquels ne vont pas tarder à faire parler d'eux dans des expressions issues du be bop. En cette période de remue-ménages musicaux, Dinah reste encore fidèle aux structures du blues et toutes les faces de ses trois séances appartiennent à cet idiome. Particulièrement réussies et admirablement chantées, elles mettent aussi en valeur les généreuses interventions de Thompson au ténor et la pertinence musicale de Jackson au vibraphone.
La carrière phonographique de Dinah Washington est désormais sur les rails et rien ne l'arrêtera plus. Elle signe un contrat avec Mercury et entame avec la marque un bail qui s'achèvera en 1961 avec quelque chose comme 400 faces enregistrées ! Si, dès ses premiers disques sur ce label, elle élargit son répertoire en y ajoutant standards et thèmes de jazz, elle conserve un solide répertoire bluesy ponctué par de bons succès comme West Side Baby avec le trio du pianiste Rudy Martin ou Resolution Blues avec la formation du trompettiste Cootie Williams. Mais ils ne sont que les prémisses d'une présence ininterrompue dans les charts Rhythm & Blues du magazine Billboard avec un premier n°1, Baby Get Lost en 1949 suivi de 29 entrées au Top 50 jusqu'en 1961dont trois autres n°1 durant la seule année 1960 avec Baby (You've Got What It Takes), A Rockin' Good Day et This Bitter Earth, les deux premiers titres en duo avec Brook Benton.
Au tournant des années 40/50, Dinah Washington est devenue la chanteuse la plus populaire auprès de la communauté de couleur. Entre 1945 et 1955, elle est la vedette quasi obligée de la «Harlem Variety Revue» à l'Apollo Theater chaque fois que ses incessantes tournées la ramènent à New York. On l'entend à Chicago, Detroit, Boston, Philadelphie, Washington, Baltimore, Miami, La Nouvelle-Orléans, Los Angeles, Las Vegas, San Francisco, Hollywood... Elle participe en 1955 à l'émission télévisée «Showtime at the Apollo» puis à plusieurs films, «Harlem Jazz Festival», «Basin Street Revue», «Rock 'n' Roll Revue» et «Jazz on a Summer Day» tourné en 1958 lors du festival de Newport dont elle est l'une des vedettes depuis plusieurs années. Dinah Washington réussit là où beaucoup ont échoué : à la fois conserver ses racines, sa "base" et sa popularité auprès de sa communauté, et s'ouvrir vers d'autres formes dont le jazz où elle devient l'une des plus grandes. Les meilleurs musiciens du moment vont la servir : Clark Terry, Clifford Brown, Max Roach, Ben Webster, Paul Quinichette, Benny Golson, Cannonball Adderley, Wynton Kelly, etc. et elle  réalise pour le public "jazz" quelques mémorables albums dont un «Bessie Smith Song Book» sous la direction de son mari de l'époque, Eddie Chamblee, qui marque à la fois l'attachement à ses racines et la filiation naturelle de l'Impératrice à la Reine.
En 1959, Dinah Washington effectue une tournée européenne qui la conduit notamment en Angleterre mais qui, hélas, évite la France sauf... le temps d'une apparition éclair et incognito à Paris au Mars Club où elle interprète quelques morceaux devant les yeux ébahis de Kurt Mohr présent dans la salle ! C'est cette même année qu'elle entre au Top 50 Pop et obtient un Grammy Award avec What A Diff'rence A Day Made, chanson qui sera reprise plus tard par Sarah Vaughan et Esther Phillips, peut-être sa meilleure disciple. Ce passage dans le monde de la "grande variété" n'émousse en rien ses qualités et sa fraîcheur vocales même si certains accompagnements ambitieux (sic) chez Mercury et chez Roulette à partir de 1962 sont parfois un peu lourds à digérer. Rançon de la gloire pour quelqu'un qui restera, même si sa couronne brille sous les feux du Carnegie Hall (1959), toujours fidèle au jazz (Birdland en 1958/61/62, Village Vanguard en 59) et au blues (Apollo en 61).
En 1963, celle qui demeure The Queen of the Blues est à l'apogée de sa carrière. Elle a chanté avec Count Basie à Chicago, avec Duke Ellington à Detroit. Et c'est dans la cité de l'automobile, après une soirée un peu trop arrosée, qu'elle s'avale bêtement une dose exagérée de pilules de régime — elle se trouve trop rondouillarde. Le mélange est explosif, le cœur n'y résiste pas.
Dinah Washington est morte le 14 décembre 1963.
 
De là à l'ajouter à la liste des femmes artistes noires victimes des dures conditions de leur situation, il y a un pas qu'il faut se garder de franchir précipitament. Contrairement à celles de Billie Holiday, Big Maybelle, Esther Phillips, Big Mama Thornton et d'autres, la vie de Dinah Washington ne ressemble pas vraiment à un long calvaire sur fond de drogue entrecoupé de brèves "stations" lumineuses. Dinah aimait la vie d'un appétit sans mesure, collectionnant les coups de tête, les esclandres publics, les amants et les maris (au moins six ou sept). Un tempérament ! Mais ses frasques n'ont jamais nuit à la qualité de son art. C'était une grande professionnelle, une musicienne  capable de tout chanter — elle en était parfaitement consciente — avec un égal résultat : blues, ballades, pop songs, jazz, standards de Broadway... Elle avait réussi en s'appuyant sur les racines du gospel et du blues, à combiner en un équilibre parfait la double influence de Bessie Smith et de Billie Holiday (auxquelles on peut ajouter d'un côté Ma Rainey et de l'autre Ethel Waters). A son tour elle a fortement marqué la plupart des grandes chanteuses populaires noires des années 50/60, Ruth Brown, Etta James, Esther Phillips, Dionne Warwick, Nancy Wilson, Diana Ross, etc. sans parler de ses aînées comme Helen Humes qui infléchirent leur manière à l'écoute de sa voix acidulée. Dinah possédait une diction parfaite, un sens de la nuance tout en subtilités, et une "sophistication naturelle", n'appuyant jamais ses effets, ne cherchant pas à travailler une voix légèrement nasillarde qui conservera toujours la fraîcheur mutine de sa jeunesse. Dinah Washington avait oublié de vieillir...
Jean Buzelin
 
(1) In Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que sais-je ?, PUF, Paris 1993)
 
Ce disque a été composé à partir du meilleur, nous l'espérons, de ce qu'a enregistré Dinah Washington au début de sa carrière dans la sphère du blues. Un second CD, illustrant ses premières incursions dans les domaines plus variés du jazz, lui sera bientôt consacré dans la collection «Jazz Archives».
Que soient remerciés pour leur participation Kurt Mohr, Michel Pfau et Alain Tomas.
 
 
Dinah Washington burnt the candle of her all-too-short life at both ends, until the candle was suddenly extinguished when she was only thirty-nine. During her twenty-year recording career, she never had time to look back, to take stock, to listen to herself. Hence, her work is extraordinarily dense, vital, always fresh, constantly on the move. She interprets her wonderfully contrasted songs with total naturalness, utterly overwhelming the listener. She expresses the full range of human emotions, from joy to sadness, from humour to melancholy, from roguishness to mockery. Dinah, The Queen, could sing anything and sing it marvellously.
 
Born Ruth Lee Jones on 22 or 29 August 1924, in Tuscaloosa, Alabama, she moved to Chicago at the age of three. From an early age she learnt hymns from her mother, a missionary evangelist, who took her daughter along on her visits to churches  throughout the country. Ruth also played piano and by the time she was eleven, she was already playing at services at St. Luke’s Baptist Church in Chicago, before becoming choir leader. Her outstanding gifts soon became evident: in 1939, the fifteen-year-old won a talent contest at the Regal, Chicago’s biggest black theatre, leading to a first engagement at the Flame Show Bar. But she returned to the gospel circuit in 1939, after meeting Sallie Martin, Tommy Dorsey’s ex-associate and pioneer of modern gospel. Robert Sacré (1) describes how Sallie Martin discovered a certain Ruth Jones, a superb vocalist…such an exceptional singer that she was soon quit the unprofitable gospel milieu for the greater financial rewards of show-business and rhythm & blues. Meanwhile, she became Sallie Martin’s pianist and also played with Willie Mae Ford Smith, another great vocalist from the Dorsey stable. Then she toured the South and Mid-West as a soloist with the Sallie Martin Singers.
When she returned to secular singing for good, she started her professional career in Chicago clubs. First at the Rhumboogie in 1941, then the following year at the Downbeat Room in Sherman’s Hotel where she appeared with Fats Waller, at the Three Deuces and the Garrick Lounge with The Cats & The Fiddle, a popular vocal/instrumental quartet. At the same time, Ruth took every opportunity to listen to Billie Holiday, who was singing on the ground floor (the Garrick Stage Bar). It was probably Joe Sherman, boss of the Garrick, who chose her stage name of Dinah Washington, although it may have been impresario Joe Glaser, who recommended her to Lionel Hampton whose band was then riding the crest of the wave and enjoying enormous success. After going along to hear this young singer whom everyone was talking about, the vibraphonist hired her. Dinah was eighteen and a half when she made her debut with the orchestra at the Regal Theatre in February 1943 and she was to stay with them for three years.
Regrettably no commercial sides were cut during her spell with Hampton. Not only was the Petrillo ban in full force but Decca, for whom Hampton recorded, was interested only in the band. All that remains is just one Jubilee transcription of Choo Choo Baby from late November 1943. A month later, when the band was playing Christmas week at the Apollo in Harlem, critic Leonard Feather managed to set up a session for some of Hampton’s soloists with the small Keynote label. The leader came without his vibraphone but sat in on drums and piano. Evil Gal Blues and Salty Papa Blues were huge hits with the black public in 1944 but Dinah was not called back to the studios until May 1945, when Decca “generously” gave her a spot during a big band session. She was accompanied by three soloists, including the great tenor saxophonist Arnett Cobb, a rhythm section and Hampton’s vibes. The magnificent Blow Top Blues, issued under the name of Lionel Hampton, finally reached the hit-parade…but not until 1947, after Dinah had already left Hampton.
In December 1945, Apollo offered Dinah their Los Angeles studios for several days. This time she was accompanied by an all stars group, led by the promising young saxophonist Lucky Thompson, ex-Basie man, and including such up-and-coming musicians as Charles Mingus (who was to become Hampton’s bass player in 1947) and Milt Jackson, both soon to make their mark on the bop scene. However, Dinah still remained faithful to the blues structure, as is clear on all the sides from these three sessions. Beautifully sung, they also give ample space to judiciously-chosen interventions from Thompson on tenor and Jackson on vibes.
Dinah Washington’s recording career had now really taken off and there was no stopping it. She signed up with Mercury for whom she cut some 400 sides during their association that lasted until 1961. Although she immediately began to widen her range to include standards and jazz themes, she still maintained a solid, bluesy repertory, interspersed with hits such as West Side Baby with pianist Rudy Martin’s trio, and Resolution Blues backed by trumpeter Cootie William’s formation. These were just the first in an uninterrupted line of appearances in the Rhythm & Blues charts of the Billboard magazine: the first N° 1 Baby Get Lost in 1949, followed by 29 mentions in the Top 50 up to 1961, with three more at N° 1 in the single year of 1960 with Baby (You’ve Got What It Takes), A Rockin’ Good Day and This Bitter Earth, the two former in duo with Brook Benton.
In the late 40s-early 50s, Dinah Washington was the most popular singer with coloured audiences. From 1945 to 1955, she regularly topped the bill in the “Harlem Variety Revue” at the Apollo Theatre, whenever her tough touring schedule brought her to New York. She played Chicago, Detroit, Boston, Philadelphia, Washington, Baltimore, Miami, New Orleans, Los Angeles, Las Vegas, San Francisco, Hollywood…. In 1955, she appeared on the TV show “Showtime at the Apollo”, then in several films, “Harlem Jazz Festival”, “Basin Street Revue”, “Rock ‘n’ Roll Revue” and “Jazz On A Summer Day”, made in 1958 during the Newport Festival that she starred in for several years. Dinah Washington succeeded where many had failed: she remained faithful to her roots and to her community, but embraced other forms, in particular jazz, a medium in which she was outstanding. All the greatest musicians of the time played with her: Clark Terry, Clifford Brown, Max Roach, Ben Webster, Paul Quinichette, Benny Golson, Cannonball Adderley, Wynton Kelly etc. and she produced some memorable albums that delighted her “jazz” public, including a “Bessie Smith Song Book”, under the direction of her then husband Eddie Chamblee.
In 1959, Dinah Washington embarked on a European tour which, unfortunately, did not include France…except for a brief appearance incognito at the Mars Club in Paris, where the few titles she sang completely bowled over Kurt Mohr who was in the audience! That same year she was listed in the Top 50 Pop and was awarded a Grammy for What A Diff’rence A Day Made, that was later taken up by Sarah Vaughan and, one of Dinah’s best disciples, Esther Philips. This crossover to “pop” in no way dulled the fine edge of her vocal talent, even though certain ambitious accompaniments on Mercury and Roulette after 1962 are occasionally a little heavy. The price of fame for an artist who, in spite of appearing under the spotlights of Carnegie Hall in 1959, always remained true to jazz (Birdland in 1958/61/62, Village Vanguard in 59) and the blues (Apollo in 61).
By 1963, The Queen of the Blues was at the height of her career. She had sung with Count Basie in Chicago, with Duke Ellington in Detroit. And it was here that she died on 14 December 1963 as a result of taking an accidental overdose of slimming pills after an evening’s drinking.
 
But this is no reason to add her to the list of black female artists who were victims of their tough life. Unlike Billie Holiday, Big Maybelle, Esther Philips, Big Mama Thornton among others, Dinah Washington’s life was not one long martyrdom of drug addiction, interspersed with brief periods of lucidity. Dinah loved life, embraced it to the full, collecting public scandals, lovers and husbands (at least six or seven) on her way, but none of this ever affected her artistic quality. She was a true professional, capable of singing anything: blues, ballads, pop songs, jazz, Broadway standards. Her success was based on a strong reliance on her blues and gospel roots, combined with the twofold influence of Bessie Smith and Billie Holiday (with a hint of Ma Rainey and Ethel Waters). In turn, she herself had a great influence on the great popular black female vocalists of the 50s and 60s: Ruth Brown, Etta James, Esther Philips, Dionne Warwick, Nancy Wilson, Diana Ross etc., not forgetting those of her elders, such as Helen Humes, who modified their style after hearing her. Dinah’s singing was characterised by clear enunciation, subtle contrasts and an innate sophistication. Her somewhat nasal voice never lost its youthful freshness—she didn’t have time to get old… Adapted from the French by Joyce Waterhouse
(1) In Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que sais-je? PUF, Paris 1993)
 
This disc comprises some of the best blues recordings Dinah Washington made at the beginning of her career. A second CD in the “Jazz Archives” collection will shortly be issued, devoted to her first incursions into the more varied realms of jazz.
We would like to thank Kurt Mohr, Michel Pfau and Alain Tomas for their invaluable help.

Elle a conduit sa vie sur les chapeaux de roue. Une nuit, elle lui a échappé, brutalement, stupidement. Au petit matin, la Reine était morte. Trente-neuf ans dont vingt gravés sur disques. Dinah Washington n'avait pas eu le temps de regarder en arrière, pas eu le temps de faire le point, pas eu le temps de se relire. Aussi son œuvre est-elle d'une extraordinaire densité, d'une exceptionnelle vitalité, sans la moindre redite, toujours en mouvement. Tout en couleurs vives, ses chants éclatent avec le plus grand naturel et vous emplissent des pieds à la tête ; tour à tour la chanteuse exprime tout l'éventail des sentiments, de la joie à la tristesse, de l'humour à la mélancolie, de la malice à la raillerie, à la manière d'une meneuse de revue qui conduit chaque tableau devant nos yeux médusés. Dinah, The Queen, savait tout chanter et elle chantait merveilleusement. Née le 22 ou le 29 août 1924 à Tuscaloosa (Alabama), Ruth Lee Jones a trois ans lorsqu'elle émigre à Chicago. Toute petite, elle baigne dans les chants sacrés que sa mère lui apprend. Celle-ci, évangéliste missionnaire, emmène sa fille avec elle lorsqu'elle fait la tournée des églises à travers le pays. Ruth pratique de bonne heure le piano et, dès l'âge de onze ans, accompagne les offices de la St. Luke's Baptist Church de Chicago. Elle va même bientôt devenir chef de chœur. La gamine est douée et le montre : en 1939, à quinze ans, elle remporte un concours d'amateurs au Regal, le plus grand théatre noir de Chicago, ce qui lui vaut un premier engagement au Flame Show Bar. Mais elle retrouve en 1940 le circuit du gospel après sa rencontre avec Sallie Martin, l'ancienne associée de Thomas A. Dorsey et pionnière du gospel moderne. Sallie Martin «découvrit une certaine Ruth Jones, une chanteuse à la voix superbe, un diamant brut à extraire de sa gangue, à tailler et à polir, une chanteuse tellement exceptionnelle qu'elle délaissa bien vite le domaine somme toute faiblement rémunérateur des chants religieux pour le monde bien plus rutilant et rentable du show business et du rhythm & blues...» écrit Robert Sacré (1). En attendant, elle devient sa pianiste et joue également avec Willie Mae Ford Smith, une autre grande chanteuse liée à l'entreprise Dorsey. Elle tourne ensuite, comme soliste, au sein des Sallie Martin Singers, dans les états du Sud et du Mid-West. De retour à la musique profane, cette fois définitivement, elle débute professionnellement dans les cabarets de Chicago. D'abord au Rhumboogie en 1941 puis, en 1942, à la Downbeat Room du Sherman Hotel où elle se produit avec Fats Waller, au Three Deuces et au Garrick Lounge avec The Cats & The Fiddle, un quartette vocal/instrumental très populaire à l'époque, tandis qu'au même moment et au rez-de-chaussée (le Garrick Stage Bar) chante Billie Holiday que Ruth va écouter très attentivement. C'est probablement Joe Sherman, le patron du Garrick, qui lui trouve son nom de scène, Dinah Washington, à moins que ce ne soit l'impresario Joe Glaser qui l'entend et la recommande à Lionel Hampton dont le big band en plein essor pête de tous ses feux. Le vibraphoniste vient écouter cette jeune chanteuse dont on dit monts et merveilles et l'engage. Dinah a dix-huit ans et demi lorsqu'elle débute avec l'orchestre au Regal Theater, lieu de sa première performance publique, en février 1943. Et durant près de trois années, elle va accompagner la pétaradante machine à swing dans tous les dancings et théatres du pays. Malheureusement, aucune face commerciale en big band ne va souligner son séjour chez Hampton. D'abord nous sommes en pleine grêve des enregistrements, le Petrillo Ban, ensuite parce que les gens de chez Decca, la maison de disques de Lionel, ne sont intéressés que par l'orchestre seul. Un témoignage subsiste : Choo Choo Baby, une transcription Jubilee (émission publique de la radio AFRS) datant de la fin novembre 1943. Un mois plus tard, alors que l'orchestre anime la semaine de Noël à l'Apollo de Harlem, le critique Leonard Feather réussit à organiser une séance pour le petit label Keynote avec quelques-uns des solistes d'Hampton. Le chef est venu sans son vibraphone mais donne accessoirement un coup de main à la batterie et au piano. Evil Gal Blues et Salty Papa Blues seront parmi les succès les plus appréciés du public noir durant l'année 1944 mais il faudra pourtant attendre un an et demi avant que la chanteuse ne retrouve les studios. En mai 1945, Decca lui accorde généreusement un morceau durant une séance du big band ; trois solistes dont à nouveau le grand ténor Arnett Cobb, la section rythmique et le vibraphone du chef accompagnent la chanteuse. Blow Top Blues, un blues magistral publié sous le nom de Lionel Hampton, fera tranquillement son chemin pour entrer au hit parade... en 1947. Entre temps, Dinah avait quitté Hampton. En décembre 1945, Dinah Washington est à Los Angeles où les studios lui sont offerts durant plusieurs jours par la marque Apollo. La chanteuse est alors accompagnée par un all stars dirigé par Lucky Thompson. Ce jeune saxophoniste prometteur transfuge de l'orchestre de Count Basie a réuni quelques jeunes loups comme Charles Mingus (qui sera le contrebassiste de Lionel Hampton en 1947 !) et Milt Jackson, lesquels ne vont pas tarder à faire parler d'eux dans des expressions issues du be bop. En cette période de remue-ménages musicaux, Dinah reste encore fidèle aux structures du blues et toutes les faces de ses trois séances appartiennent à cet idiome. Particulièrement réussies et admirablement chantées, elles mettent aussi en valeur les généreuses interventions de Thompson au ténor et la pertinence musicale de Jackson au vibraphone. La carrière phonographique de Dinah Washington est désormais sur les rails et rien ne l'arrêtera plus. Elle signe un contrat avec Mercury et entame avec la marque un bail qui s'achèvera en 1961 avec quelque chose comme 400 faces enregistrées ! Si, dès ses premiers disques sur ce label, elle élargit son répertoire en y ajoutant standards et thèmes de jazz, elle conserve un solide répertoire bluesy ponctué par de bons succès comme West Side Baby avec le trio du pianiste Rudy Martin ou Resolution Blues avec la formation du trompettiste Cootie Williams. Mais ils ne sont que les prémisses d'une présence ininterrompue dans les charts Rhythm & Blues du magazine Billboard avec un premier n°1, Baby Get Lost en 1949 suivi de 29 entrées au Top 50 jusqu'en 1961dont trois autres n°1 durant la seule année 1960 avec Baby (You've Got What It Takes), A Rockin' Good Day et This Bitter Earth, les deux premiers titres en duo avec Brook Benton. Au tournant des années 40/50, Dinah Washington est devenue la chanteuse la plus populaire auprès de la communauté de couleur. Entre 1945 et 1955, elle est la vedette quasi obligée de la «Harlem Variety Revue» à l'Apollo Theater chaque fois que ses incessantes tournées la ramènent à New York. On l'entend à Chicago, Detroit, Boston, Philadelphie, Washington, Baltimore, Miami, La Nouvelle-Orléans, Los Angeles, Las Vegas, San Francisco, Hollywood... Elle participe en 1955 à l'émission télévisée «Showtime at the Apollo» puis à plusieurs films, «Harlem Jazz Festival», «Basin Street Revue», «Rock 'n' Roll Revue» et «Jazz on a Summer Day» tourné en 1958 lors du festival de Newport dont elle est l'une des vedettes depuis plusieurs années. Dinah Washington réussit là où beaucoup ont échoué : à la fois conserver ses racines, sa "base" et sa popularité auprès de sa communauté, et s'ouvrir vers d'autres formes dont le jazz où elle devient l'une des plus grandes. Les meilleurs musiciens du moment vont la servir : Clark Terry, Clifford Brown, Max Roach, Ben Webster, Paul Quinichette, Benny Golson, Cannonball Adderley, Wynton Kelly, etc. et elle réalise pour le public "jazz" quelques mémorables albums dont un «Bessie Smith Song Book» sous la direction de son mari de l'époque, Eddie Chamblee, qui marque à la fois l'attachement à ses racines et la filiation naturelle de l'Impératrice à la Reine. En 1959, Dinah Washington effectue une tournée européenne qui la conduit notamment en Angleterre mais qui, hélas, évite la France sauf... le temps d'une apparition éclair et incognito à Paris au Mars Club où elle interprète quelques morceaux devant les yeux ébahis de Kurt Mohr présent dans la salle ! C'est cette même année qu'elle entre au Top 50 Pop et obtient un Grammy Award avec What A Diff'rence A Day Made, chanson qui sera reprise plus tard par Sarah Vaughan et Esther Phillips, peut-être sa meilleure disciple. Ce passage dans le monde de la "grande variété" n'émousse en rien ses qualités et sa fraîcheur vocales même si certains accompagnements ambitieux (sic) chez Mercury et chez Roulette à partir de 1962 sont parfois un peu lourds à digérer. Rançon de la gloire pour quelqu'un qui restera, même si sa couronne brille sous les feux du Carnegie Hall (1959), toujours fidèle au jazz (Birdland en 1958/61/62, Village Vanguard en 59) et au blues (Apollo en 61). En 1963, celle qui demeure The Queen of the Blues est à l'apogée de sa carrière. Elle a chanté avec Count Basie à Chicago, avec Duke Ellington à Detroit. Et c'est dans la cité de l'automobile, après une soirée un peu trop arrosée, qu'elle s'avale bêtement une dose exagérée de pilules de régime — elle se trouve trop rondouillarde. Le mélange est explosif, le cœur n'y résiste pas. Dinah Washington est morte le 14 décembre 1963. De là à l'ajouter à la liste des femmes artistes noires victimes des dures conditions de leur situation, il y a un pas qu'il faut se garder de franchir précipitament. Contrairement à celles de Billie Holiday, Big Maybelle, Esther Phillips, Big Mama Thornton et d'autres, la vie de Dinah Washington ne ressemble pas vraiment à un long calvaire sur fond de drogue entrecoupé de brèves "stations" lumineuses. Dinah aimait la vie d'un appétit sans mesure, collectionnant les coups de tête, les esclandres publics, les amants et les maris (au moins six ou sept). Un tempérament ! Mais ses frasques n'ont jamais nuit à la qualité de son art. C'était une grande professionnelle, une musicienne capable de tout chanter — elle en était parfaitement consciente — avec un égal résultat : blues, ballades, pop songs, jazz, standards de Broadway... Elle avait réussi en s'appuyant sur les racines du gospel et du blues, à combiner en un équilibre parfait la double influence de Bessie Smith et de Billie Holiday (auxquelles on peut ajouter d'un côté Ma Rainey et de l'autre Ethel Waters). A son tour elle a fortement marqué la plupart des grandes chanteuses populaires noires des années 50/60, Ruth Brown, Etta James, Esther Phillips, Dionne Warwick, Nancy Wilson, Diana Ross, etc. sans parler de ses aînées comme Helen Humes qui infléchirent leur manière à l'écoute de sa voix acidulée. Dinah possédait une diction parfaite, un sens de la nuance tout en subtilités, et une "sophistication naturelle", n'appuyant jamais ses effets, ne cherchant pas à travailler une voix légèrement nasillarde qui conservera toujours la fraîcheur mutine de sa jeunesse. Dinah Washington avait oublié de vieillir... Jean Buzelin (1) In Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que sais-je ?, PUF, Paris 1993) Ce disque a été composé à partir du meilleur, nous l'espérons, de ce qu'a enregistré Dinah Washington au début de sa carrière dans la sphère du blues. Un second CD, illustrant ses premières incursions dans les domaines plus variés du jazz, lui sera bientôt consacré dans la collection «Jazz Archives». Que soient remerciés pour leur participation Kurt Mohr, Michel Pfau et Alain Tomas. Dinah Washington burnt the candle of her all-too-short life at both ends, until the candle was suddenly extinguished when she was only thirty-nine. During her twenty-year recording career, she never had time to look back, to take stock, to listen to herself. Hence, her work is extraordinarily dense, vital, always fresh, constantly on the move. She interprets her wonderfully contrasted songs with total naturalness, utterly overwhelming the listener. She expresses the full range of human emotions, from joy to sadness, from humour to melancholy, from roguishness to mockery. Dinah, The Queen, could sing anything and sing it marvellously. Born Ruth Lee Jones on 22 or 29 August 1924, in Tuscaloosa, Alabama, she moved to Chicago at the age of three. From an early age she learnt hymns from her mother, a missionary evangelist, who took her daughter along on her visits to churches throughout the country. Ruth also played piano and by the time she was eleven, she was already playing at services at St. Luke’s Baptist Church in Chicago, before becoming choir leader. Her outstanding gifts soon became evident: in 1939, the fifteen-year-old won a talent contest at the Regal, Chicago’s biggest black theatre, leading to a first engagement at the Flame Show Bar. But she returned to the gospel circuit in 1939, after meeting Sallie Martin, Tommy Dorsey’s ex-associate and pioneer of modern gospel. Robert Sacré (1) describes how Sallie Martin discovered a certain Ruth Jones, a superb vocalist…such an exceptional singer that she was soon quit the unprofitable gospel milieu for the greater financial rewards of show-business and rhythm & blues. Meanwhile, she became Sallie Martin’s pianist and also played with Willie Mae Ford Smith, another great vocalist from the Dorsey stable. Then she toured the South and Mid-West as a soloist with the Sallie Martin Singers. When she returned to secular singing for good, she started her professional career in Chicago clubs. First at the Rhumboogie in 1941, then the following year at the Downbeat Room in Sherman’s Hotel where she appeared with Fats Waller, at the Three Deuces and the Garrick Lounge with The Cats & The Fiddle, a popular vocal/instrumental quartet. At the same time, Ruth took every opportunity to listen to Billie Holiday, who was singing on the ground floor (the Garrick Stage Bar). It was probably Joe Sherman, boss of the Garrick, who chose her stage name of Dinah Washington, although it may have been impresario Joe Glaser, who recommended her to Lionel Hampton whose band was then riding the crest of the wave and enjoying enormous success. After going along to hear this young singer whom everyone was talking about, the vibraphonist hired her. Dinah was eighteen and a half when she made her debut with the orchestra at the Regal Theatre in February 1943 and she was to stay with them for three years. Regrettably no commercial sides were cut during her spell with Hampton. Not only was the Petrillo ban in full force but Decca, for whom Hampton recorded, was interested only in the band. All that remains is just one Jubilee transcription of Choo Choo Baby from late November 1943. A month later, when the band was playing Christmas week at the Apollo in Harlem, critic Leonard Feather managed to set up a session for some of Hampton’s soloists with the small Keynote label. The leader came without his vibraphone but sat in on drums and piano. Evil Gal Blues and Salty Papa Blues were huge hits with the black public in 1944 but Dinah was not called back to the studios until May 1945, when Decca “generously” gave her a spot during a big band session. She was accompanied by three soloists, including the great tenor saxophonist Arnett Cobb, a rhythm section and Hampton’s vibes. The magnificent Blow Top Blues, issued under the name of Lionel Hampton, finally reached the hit-parade…but not until 1947, after Dinah had already left Hampton. In December 1945, Apollo offered Dinah their Los Angeles studios for several days. This time she was accompanied by an all stars group, led by the promising young saxophonist Lucky Thompson, ex-Basie man, and including such up-and-coming musicians as Charles Mingus (who was to become Hampton’s bass player in 1947) and Milt Jackson, both soon to make their mark on the bop scene. However, Dinah still remained faithful to the blues structure, as is clear on all the sides from these three sessions. Beautifully sung, they also give ample space to judiciously-chosen interventions from Thompson on tenor and Jackson on vibes. Dinah Washington’s recording career had now really taken off and there was no stopping it. She signed up with Mercury for whom she cut some 400 sides during their association that lasted until 1961. Although she immediately began to widen her range to include standards and jazz themes, she still maintained a solid, bluesy repertory, interspersed with hits such as West Side Baby with pianist Rudy Martin’s trio, and Resolution Blues backed by trumpeter Cootie William’s formation. These were just the first in an uninterrupted line of appearances in the Rhythm & Blues charts of the Billboard magazine: the first N° 1 Baby Get Lost in 1949, followed by 29 mentions in the Top 50 up to 1961, with three more at N° 1 in the single year of 1960 with Baby (You’ve Got What It Takes), A Rockin’ Good Day and This Bitter Earth, the two former in duo with Brook Benton. In the late 40s-early 50s, Dinah Washington was the most popular singer with coloured audiences. From 1945 to 1955, she regularly topped the bill in the “Harlem Variety Revue” at the Apollo Theatre, whenever her tough touring schedule brought her to New York. She played Chicago, Detroit, Boston, Philadelphia, Washington, Baltimore, Miami, New Orleans, Los Angeles, Las Vegas, San Francisco, Hollywood…. In 1955, she appeared on the TV show “Showtime at the Apollo”, then in several films, “Harlem Jazz Festival”, “Basin Street Revue”, “Rock ‘n’ Roll Revue” and “Jazz On A Summer Day”, made in 1958 during the Newport Festival that she starred in for several years. Dinah Washington succeeded where many had failed: she remained faithful to her roots and to her community, but embraced other forms, in particular jazz, a medium in which she was outstanding. All the greatest musicians of the time played with her: Clark Terry, Clifford Brown, Max Roach, Ben Webster, Paul Quinichette, Benny Golson, Cannonball Adderley, Wynton Kelly etc. and she produced some memorable albums that delighted her “jazz” public, including a “Bessie Smith Song Book”, under the direction of her then husband Eddie Chamblee. In 1959, Dinah Washington embarked on a European tour which, unfortunately, did not include France…except for a brief appearance incognito at the Mars Club in Paris, where the few titles she sang completely bowled over Kurt Mohr who was in the audience! That same year she was listed in the Top 50 Pop and was awarded a Grammy for What A Diff’rence A Day Made, that was later taken up by Sarah Vaughan and, one of Dinah’s best disciples, Esther Philips. This crossover to “pop” in no way dulled the fine edge of her vocal talent, even though certain ambitious accompaniments on Mercury and Roulette after 1962 are occasionally a little heavy. The price of fame for an artist who, in spite of appearing under the spotlights of Carnegie Hall in 1959, always remained true to jazz (Birdland in 1958/61/62, Village Vanguard in 59) and the blues (Apollo in 61). By 1963, The Queen of the Blues was at the height of her career. She had sung with Count Basie in Chicago, with Duke Ellington in Detroit. And it was here that she died on 14 December 1963 as a result of taking an accidental overdose of slimming pills after an evening’s drinking. But this is no reason to add her to the list of black female artists who were victims of their tough life. Unlike Billie Holiday, Big Maybelle, Esther Philips, Big Mama Thornton among others, Dinah Washington’s life was not one long martyrdom of drug addiction, interspersed with brief periods of lucidity. Dinah loved life, embraced it to the full, collecting public scandals, lovers and husbands (at least six or seven) on her way, but none of this ever affected her artistic quality. She was a true professional, capable of singing anything: blues, ballads, pop songs, jazz, Broadway standards. Her success was based on a strong reliance on her blues and gospel roots, combined with the twofold influence of Bessie Smith and Billie Holiday (with a hint of Ma Rainey and Ethel Waters). In turn, she herself had a great influence on the great popular black female vocalists of the 50s and 60s: Ruth Brown, Etta James, Esther Philips, Dionne Warwick, Nancy Wilson, Diana Ross etc., not forgetting those of her elders, such as Helen Humes, who modified their style after hearing her. Dinah’s singing was characterised by clear enunciation, subtle contrasts and an innate sophistication. Her somewhat nasal voice never lost its youthful freshness—she didn’t have time to get old… Adapted from the French by Joyce Waterhouse (1) In Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que sais-je? PUF, Paris 1993) This disc comprises some of the best blues recordings Dinah Washington made at the beginning of her career. A second CD in the “Jazz Archives” collection will shortly be issued, devoted to her first incursions into the more varied realms of jazz. We would like to thank Kurt Mohr, Michel Pfau and Alain Tomas for their invaluable help.

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